Deux papas, deux mamans
Le Mariage pour toutes et tous devrait passer la rampe. C’est en tous les cas ce que laissent penser les sondages réalisés à quelques encablures du scrutin du 26 septembre: le camp du «oui» reste solide, avec quelque 63% de personnes en faveur de l’extension du mariage aux couples du même sexe.
L’opposition se recrute à l’extrême droite udéciste qui joue surtout sur la peur – son mantra habituel – à coup de grotesques affiches avec des zombies. Et du côté de la galaxie évangélique et des défenseurs·euses d’une lecture littérale pour ne pas dire intégriste des Saintes écritures. Avec la tentative d’importer en Suisse le slogan un peu cucul la praline «Un papa, une maman» des activistes de la Manif pour tous, qui avaient combattu la loi française. Leur référence au droit naturel – la loi de Dieu, au dessus de celle des hommes – fleure bon le XIXe. Mais on constate dans les sondages, bonne nouvelle, que la base catholique ne se reconnaît pas dans les positions un brin archaïques de ses représentants, une constante depuis les années soixante.
Car de quoi est-il question? D’étendre aux couples de même sexe des droits – naturalisation facilitée, accès à la procréation médicalement assistée (PMA) et possibilité d’adopter – actuellement réservés aux couples hétérosexuels.
A la rigueur, les tenants d’une morale rigide devraient se réjouir. L’institution du mariage, conspuée après Mai 68, est revendiquée comme un droit pour toutes et tous. Cela pourrait être compris comme une victoire et non vécu comme un naufrage civilisationnel.
Quant au bien de l’enfant, on rétorquera qu’un foyer aimant est ce qui devrait primer. La stabilité et les garanties juridiques du mariage en sont un des garants. Et la loi permettra aux enfants nés d’une PMA de connaître leurs géniteurs biologiques, ce qui n’est pas le cas dans le vide juridique actuel. L’équilibre psychologique des jeunes de familles arc-en-ciel ne s’en trouvera que renforcé.
Autant de bonnes raisons de se réjouir de ces futurs mariages qui seront l’occasion de célébrer l’amour et la convivialité, en lieu et place de la peur, du repli et de l’acrimonie véhiculés par les référendaires.