Édito

La gauche prise au jeu des annuités

La gauche prise au jeu des annuités
L’an passé, les prévisions fiscales revues à la hausse en octobre avaient permis d’éviter les mesures touchant la fonction publique. KEYSTONE
Budget

La gauche, doublement majoritaire en Ville de Genève (à l’exécutif et au délibératif), prévoit donc une nouvelle fois de bloquer la progression salariale de la fonction publique municipale. La commune économiserait ainsi 8,1 millions de francs, selon le projet de budget présenté mercredi par le Conseil administratif. Celui-ci s’est défendu d’utiliser les mécanismes salariaux comme une variable d’ajustement, mais a justifié ses choix de renforcer la politique sociale et la transition écologique dans le contexte de l’application de la réforme fiscale RFFA. Celle-ci oblige à un retour à l’équilibre en 2028.

=> Lire « Le gel des annuités planifié »

En clair, la Ville, chaque année jusque-là, réduira son déficit de 7 millions, tandis que la fréquentation du parascolaire continuera de croître comme le nombre de places de crèche ou les besoins pour la transition écologique.

Entre 2018-19 et 2022, les recettes fiscales issues des entreprises pour la Ville auront passé de quelque 200 millions à 130 millions, sans qu’on sache vraiment la part due à RFFA et celle attribuable à la crise générée par le Covid. Dans ce contexte, force est de constater que, n’en déplaise au Conseil administratif, c’est bien au personnel qu’il est demandé d’éponger les pertes. Une facilité dont on aurait voulu la gauche immunisée.

Il y aurait d’autres pistes à explorer, comme une hausse de l’impôt communal que justifierait l’extension des prestations. L’écueil étant qu’elle passerait particulièrement mal après l’énorme cadeau fiscal accordé aux entreprises. En outre, la gauche prendrait le risque d’une baffe dans les urnes.

Autre piste: couper dans des institutions d’importance cantonale, par exemple le Grand Théâtre ou l’Orchestre de la Suisse romande, histoire de placer le canton, dominé par la droite, face à ses responsabilités, lui qui a plombé les recettes fiscales des communes avec RFFA et qui rechigne à s’engager dans ces paquebots autant prestigieux que ruineux. Problème: derrière ces subventions, il y a des emplois, rappelle Sami Kanaan. Le chef de la Culture en Ville préfère bloquer les mécanismes salariaux à de nombreux licenciements. Et «pas question de prendre en otage le personnel» pour forcer la main au canton.

Pour la gauche, il reste donc à compter sur de meilleures prévisions fiscales en octobre pour éviter l’humiliation de mobilisations sociales. L’an passé, elles avaient permis d’éviter, finalement, les mesures touchant la fonction publique.

Quoi qu’il en soit, un gel ne serait pas définitif, selon le Conseil administratif. Vraiment? A moins que la volonté de trouver de nouvelles recettes s’impose dans le canton, parions que le petit jeu des annuités se répétera plus qu’à son tour en Ville de Genève.

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