Fonds durables, sans durabilité
L’analyse s’intitule «statistique des fonds durables en Suisse et au Luxembourg»; plus clairement, l’Agence télégraphique suisse a retitré ce lundi: «A boulets rouges sur les fonds verts». Greenpeace a en effet dévoilé une étude1>Inrate (Regina Schwegler, Beatrice Ehman, Anik Kohli), «Stustainability Funds hardly direct Capital towards Sustainability», Zurich, mai 2021, 110 pages., rédigée par l’institut Inrate, sur les fonds de placement verts proposés par les grandes banques suisses et luxembourgeoises.
Sans trop de surprise, on découvre que ces produits tiennent davantage du greenwashing (ou écoblanchissage) que d’un vrai souci de mutation de notre appareil de production vers la neutralité carbone. Au mieux, ils permettent d’éviter de financer les programmes les plus choquants, comme par exemple l’armement ou le ciment. Reste, certains de ces fonds sont épinglés, à l’instar d’un d’entres eux qui a un tiers de ses avoirs sous gestion placés… dans de le pétrole et le charbon!
Du côté du verre à moitié vide, on relèvera donc que cela illustre la nécessité, si la Suisse entend un tant soit peu respecter les objectifs des accords de Paris, de faire preuve de volontarisme. Cela met le monde politique devant ses responsabilités. Il est un peu vain de tabler sur les mécanismes de marché pour résoudre la crise climatique. Le progrès technique et le capitalisme vert ne nous sauveront pas. L’échec en votation de loi sur le CO2 ne doit pas inciter à se reposer sur l’oreiller de paresse cher au conseiller fédéral Guy Parmelin.
Côté verre à moitié plein, une bonne nouvelle. Le lobby de la finance était présent à la présentation du rapport en la présence de Jörg Gasser. Le directeur de l’Association suisse des banquiers a plaidé pour des normes légales en matière de durabilité. Ce qui permettrait de proposer des réorientations plus crédibles en matière d’investissement durable, sur une base unifiée et claire. Bref, il faut légiférer. Et c’est un banquier qui le dit…
Notes