PLR, fin de cycle?
Curieuse campagne électorale que celle provoquée par la démission du conseiller d’Etat genevois Pierre Maudet, candidat à sa propre succession. Sans parti, avec un programme fait de bric et de broc, ou plutôt de slogans creux et de promesses souvent démagogiques. Et ça marche! Les Genevois·es ont la mémoire courte. Au premier tour, Pierre Maudet, empêtré dans ses liens d’intérêts et ses mensonges, est tout de même sorti au deuxième rang de cette élection partielle, loin devant le candidat officiel du Parti libéral-radical (PLR). L’ancienne famille politique du magistrat sortant s’est retrouvée KO debout et en voie de liquéfaction
Le plus grand parti genevois, poids lourd du système politique suisse qu’il a contribué à forger, est en crise. Comment cela se fait-il? Au-delà de la politique jusqu’au-boutiste de Pierre Maudet, qui semble effectivement avoir décidé de faire couler la barque avec lui, la crise a sans doute des racines plus profondes. Osons l’explication d’une fin de cycle, celle de la séquence néolibérale qui a permis au Grand Vieux Parti de surfer sur une vague porteuse.
Cette dynamique bute désormais sur un certain nombre d’obstacles. Economiques tout d’abord, dans la mesure où la reconfiguration périodique du cycle capitaliste a atteint certaines limites: le monde entier est devenu un marché. Quelque chose s’est grippé dans la mécanique de l’histoire-monde en perpétuelle expansion telle que décrite par Fernand Braudel. Environnementaux, ensuite. Les limites de la croissance sont perceptibles à tout un chacun. Si l’on veut éviter l’effondrement climatique, une rupture systémique s’impose.
Le libéralisme n’est donc plus porteur d’un projet de société crédible. Cela ouvre la voie aux aventuriers populistes de tout acabit. Qu’ils s’appellent Donald Trump aux Etats-Unis, Emmanuel Macron en France ou Pierre Maudet au bout du lac, la flibuste politique est souvent la même (toutes proportions gardées, puisque face à l’ex-président étasunien, Pierre Maudet reste un petit joueur).
La famille libérale a compris qu’elle devait se réinventer. Mais les réponses qu’elle nous sert tiennent davantage du replâtrage hâtif ou du greenwashing que de la capacité à réinventer l’avenir. Ce qui ne se décrète pas, suppose des convictions, des efforts, de l’intelligence. Pour l’heure, le PLR ne se montre pas en mesure de relever ce défi.
Cela dégage un espace sur sa droite – l’UDC est devenue le premier parti de Suisse avec son néolibéralisme corseté dans un nationalisme étriqué – et sur sa gauche, les Verts progressant y compris dans des bastions conservateurs. La candidate verte au poste de Pierre Maudet, Fabienne Fischer, n’a pas réalisé un score fracassant au premier tour. Mais elle peut s’appuyer sur une dynamique politique ascendante. Cela sera-t-il suffisant?