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La limite est atteinte

Nigel Lindup est scandalisé par un récent courrier qu’il a reçu de la part de La Poste.
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Furax. Je suis absolument furax. La Poste m’envoie une lettre me demandant, sans ironie, si mon «vœu le plus cher» ne serait pas de pouvoir tester de nouveaux produits «tranquillement, à la maison», et me propose d’en déposer «d’authentiques échantillons fort attrayants» dans ma boîte à lettres.

Que ma boîte à lettres porte le message «Pas de publicité» ne vous décourage évidemment pas. Loin de là: d’abord vous ne respectez pas mon souhait, en me laissant de la publicité de La Poste même, puis de surcroît vous m’encouragez à enlever mon message afin de pouvoir recevoir ces fameux échantillons!

Qu’est-ce que vous imaginez, chez «PromoPost»? Qu’une telle proposition me fera changer d’avis et du coup accepter un tas de produits bidons? C’est une insulte. N’avez-vous pas honte? Beaucoup de Suisses essayent consciencieusement de réduire leurs déchets, voire de diminuer leur consommation en général. J’en fais partie. N’importe, vous persistez à promouvoir la surproduction, nourrie d’une industrie publicitaire à milliards, qui nous a amenés dans la situation catastrophique dans laquelle l’humanité se trouve.

Regardez les glaciers suisses, Messieurs, Mesdames, comment ils fondent! Réveillez-vous! Nous sommes au XXIe siècle. Les Trente Désastreuses sont révolues et nous voulons avancer! Et voilà que vous m’envoyez un autocollant montrant une gueule béante d’hippopotame qui crie «Nourrissez-moi avec de la publicité!» Je crois rêver.
Pour moi, c’est encore un signe du déclin d’un jadis adéquat service public qui s’immole année après année sur l’autel du profit, du capitalisme sans bornes et de la surconsommation. C’est vraiment la limite, un excès que je ne tolère pas. Je vais fermer mes comptes chez vous.

Je suis petit, je le sais bien, et vous ne remarquerez rien. Vous profiterez de toute manière des millions de cette campagne immorale, en vous faisant rémunérer par les sociétés qui dépendent de cette machine publicitaire. Tant pis. Peut-être puis-je vous blesser dans votre réputation. Adieu.

Nigel Lindup, Versoix (GE)

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