Covid 19: quelle place pour la prévention?
Exerçant en pratique libérale depuis plus de trente-cinq ans la médecine fonctionnelle intégrative (le meilleur des médecines allopathiques et complémentaires réunies dans le seul intérêt des patient·e·s), je m’interroge sur les raisons qui animent nos autorités politiques et scientifiques à négliger une quelconque action susceptible d’entraîner une prise de conscience des citoyen·ne·s à l’égard de mesures de prévention en matière de santé publique.
Il existe pourtant de remarquables formations diligentées par la Faculté de médecine de l’Université de Genève (maîtrise d’études avancées en santé publique), de même que des plans cantonaux genevois de promotion de la santé et du remarquable programme Contrepoids des Hôpitaux Universitaires de Genève en particulier. Il ne s’agit en aucun cas de dénigrer l’immense travail effectué par l’ensemble des acteurs engagés dans la gestion de cette pandémie, mais de souligner la complémentarité que devrait représenter l’amélioration du potentiel de santé de tout un chacun·e, par des mesures simples, peu onéreuses et facilement accessibles.
«Le germe n’est rien, le terrain est tout» disaient déjà les Anciens. Dans la conception de la médecine fonctionnelle, quatre piliers sous-tendent la santé, respectivement mécanique, métabolique, énergétique et psycho-émotionnel. Ces sphères d’influence, autorégulées et auto-compensées fonctionnent en circuit fermé, à la manière de vases communicants. Il s’agit donc de porter une attention particulière à l’ensemble des constituants de notre arbre de vie et non de segmenter la problématique en éléments sevrés de vision globale.
Or, de nombreuses études scientifiques ont démontré qu’un ensemble de facteurs est à même de fragiliser notre immunité (notamment dysbioses de nos divers microbiotes, carences vitaminiques et élémentaires, maladies thyroïdiennes, polymorphismes génétiques, hygiène dentaire déficiente etc). En conséquence, l’apparition de comorbidités (HTA, diabète, obésité, maladies auto-immunitaires) aggrave la létalité des populations les plus fragiles. Nous savons statistiquement que plus de 50% des décès sont représentés par les plus de 65 ans, avec une médiane à 87 ans environ et que 80% des autres décès sont représentés par des sujets souffrant d’obésité ou porteurs avérés de comorbidités.
Il serait par ailleurs intéressant de mener une étude longitudinale sur une population dite représentative, étalonnée entre 25 et 85 ans, relative aux effets délétères d’une consommation régulière d’alcool, de tabac, de stupéfiants, d’aliments hautement glycémiques et de médicaments, alors qu’elle est censée être «en bonne santé».
Aussi longtemps qu’elle passe sous les radars… La pratique nous démontre au quotidien, tests de laboratoire à l’appui, qu’un fort pourcentage de la population répond à ces critères de maladies fonctionnelles, la plupart du temps asymptomatiques, tous âges confondus. Les causes en sont essentiellement environnementales, alimentaires, psycho-émotionnelles, mais liées également à l’accroissement de la longévité et à notre mode de vie par trop sédentaire.
Pourquoi dès lors ne pas promouvoir une action coordonnée de santé publique sous contrôle strict, en donnant accès à chacun·e à des complémentations, notamment (et ceci est loin d’être exhaustif), en vitamines D et C, en zinc et éléments antioxydants, en magnésium hautement bio disponible, en phytothérapie spécifique, reconnue pour ses actions immuno-modulantes, sans parler en particulier de la restauration d’un microbiote intestinal optimal? Des études récentes ont démontré l’efficacité de telles supplémentations sur la réduction de la mortalité générale, incluant le Covid, y compris chez nos seniors.
Traiter les causes en amont plutôt que d’attendre l’apparition de symptômes morbides est à même de grever dans une bien moindre mesure les charges budgétaires de la santé publique, déjà fortement exsangue. Une saine alimentation, de l’exercice quotidien, même la marche (difficile en période de confinement), une bonne oxygénation (problématique avec le port nécessaire du masque), des contacts sociaux quotidiens (impossibles à l’heure actuelle), un enrichissement culturel régulier (tellement paupérisé depuis une année) représentent par ailleurs des atouts indispensables au maintien de notre capacité à résister au Covid.
Quant à la paranoïa ambiante, alimentée en permanence par des informations parcellaires et trop souvent contradictoires, il n’est pas indispensable d’avoir fréquenté l’université pour comprendre que son impact sur notre résistance immunitaire est éminemment négatif. Le matraquage quotidien des chiffres de contamination, de décès, sans aucune discrimination (quel ratio d’hospitalisations, de soins intermédiaires, de soins intensifs, pour quel profil d’âge, d’état général?) ne peut que plonger les plus faibles d’entre nous dans un état d’angoisse permanent dont les conséquences sont de plus en plus perceptibles.
Maintenir un esprit critique, cultiver le positivisme, ne pas se laisser gouverner par la peur et l’addiction aux interfaces numériques, tout en se montrant respectueux des règles de protection relevant du bon sens commun, me semblent une nécessité impérative lorsque l’on constate l’état psycho-émotionnel d’une frange croissante de notre population. Est-il vraiment conspirationniste ou complotiste de suggérer de prendre en compte de tels arguments? Le dialogue est-il à ce point bloqué pour qu’une telle contribution ne soit balayée d’un revers de main, au motif qu’aucune étude n’en aurait démontré l’efficacité à large échelle, selon les sacro-saints principes scientifiques?
A l’aune d’une pandémie que l’ensemble des intervenants médicaux et paramédicaux, des spécialistes les plus éminents aux chercheurs chevronnés, peine à maîtriser, faisons une place à «l’empirisme», considérons la médecine intégrative comme une complémentarité bienvenue et non comme une entité dangereuse et dénuée d’intérêt. Ce qui s’est avéré acceptable par un large consensus de la communauté scientifique avant la pandémie actuelle devrait tout naturellement être appliqué aujourd’hui avec discernement, compétence et constance pour le plus grand bien de notre communauté.
Le présent nous démontre qu’il n’existe pas une seule et unique manière d’affronter cette crise sanitaire. Toutes les forces sont aujourd’hui nécessaires pour maîtriser la situation dans laquelle nous nous trouvons, à chacun·e de décider de la voie qu’il-elle choisira à cet égard, mais je le souhaite, en pleine conscience, grâce à une transparence, une honnêteté que tous, devons nous efforcer d’offrir à nos patient·e·s (étymologiquement, celui/celle qui endure).
* Docteur en ostéopathie, médecine traditionnelle chinoise, biothérapies, Genève.