On nous écrit

Liberté de choix?

Heidi Seray réagit à une chronique publiée récemment dans la page «Regards».
Initiative

J’ai eu quelque mal à trouver un fil conducteur dans la chronique publiée par deux conseillers nationaux de gauche dans Le Courrier du 26 janvier. tant elle fait preuve de confusion des genres allant de la lutte anticapitaliste à la prétendue obligation des femmes de se dévoiler durant les guerres d’indépendance. Je suis toutefois d’accord avec un point: effectivement, contrairement au débat sur le voile, l’interdiction du voile intégral n’a rien à voir avec la laïcité, mais tout avec la dignité inaliénable de la femme.

On nous dit que la femme a le droit de s’habiller comme elle veut. Certes, mais la burqa n’est pas un vêtement, c’est un linceul (le regretté Malek Chebel, anthropologue d’origine algérienne, spécialiste des religions mondialement reconnu, traducteur et exégète du Coran l’appelait «un cercueil vertical» qu’il fallait interdire dans l’espace public) à porter par la femme de la puberté à la mort dans le seul but d’empêcher qu’un homme, hormis son seigneur et maître attitré – je serais même tentée d’écrire son «propriétaire» – puisse apercevoir le moindre carré de sa peau. Qu’existe-t-il de plus sexiste?

D’autres adeptes du rejet de l’initiative agitent à tort et à travers la prétendue «liberté de choix» de la femme. Tout d’abord, la notion même de liberté est illicite aux yeux des défenseurs des sectes extrémistes de l’Islam, la seule liberté consistant à se soumettre à la volonté de dieu. Ensuite, intérioriser des dogmes religieux quels qu’ils soient n’a jamais rien eu à voir avec la liberté. Ce n’est jamais qu’une soumission, de gré ou de force, à la parole d’hommes qui se croient investis de la mission d’interpréter les textes sacrés, c’est-à-dire la volonté de dieu. C’est la quintessence même de l’idée de patriarcat.

Les auteurs de la chronique du Courrier disent quand même que celui qui obligerait une femme à porter la burqa devra être sanctionné. Très bien. J’aimerais juste qu’ils m’expliquent comment une femme qui vit dans ces milieux pourrait trouver la force et les moyens d’aller se plaindre auprès de qui de droit.

Pour finir, j’aimerais rappeler ce que M. Yadh Ben Achour, ancien professeur à la faculté de droit de Tunis, spécialiste des idées politiques l’Islam et président de la réforme politique de la Tunisie au lendemain de la révolution de 2011 écrit au sujet du voile intégral: «Il faut libérer le monde de toutes les enterrées vivantes qui le peuplent, ces femmes en niqab ou en burqa, privées de visage, de lumière et de respiration. Que sommes-nous sans visage?… Être interdit de visage, lors même qu’une frange de l’opinion et certains démagogues se posent la question de savoir si cela ne relèverait pas de la liberté de religion, voilà une abomination de notre XXIe siècle, contre laquelle doit éclater le cri de l’indignation, celui de la justice.»

Heidi Seray,
Genève

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