Vaud

A Yverdon, la droite est-elle menacée?

La gauche ambitionne de reprendre la double majorité à Yverdon.
A Yverdon, la droite est-elle menacée? 1
Au PLR, le syndic Jean-Daniel Carrard et Gloria Capt veulent rempiler à la municipalité. KEYSTONE/ARCHIVES
Elections communales

Avec un peu plus de 30’000 habitants, Yverdon-les-Bains est la deuxième ville du canton. Sur cette dernière législature, la majorité de droite a prédominé, tant au niveau de l’exécutif que du législatif. L’enjeu pour la gauche est clair: reconquérir la majorité à la municipalité perdue fin 2014 à la suite de la démission du socialiste Daniel Van Siebenthal remplacé par la PLR Valérie Jaggi Wepf. Même ambition au conseil communal où la droite occupe 56 des 100 sièges.

Pour les élections du 7 mars, la gauche lance dans la course à l’Exécutif ses trois sortants, les socialistes Pierre Dessemontet et Jean-Claude Ruchet et la verte Carmen Tanner ainsi que deux nouvelles têtes, la socialiste Brenda Tuosto et le vert Benoist Guillard. Ce ticket rose-vert pour la municipalité s’oppose à une alliance large de la droite yverdonnoise rassemblant les libéraux-radicaux, l’UDC et les Vert’libéraux avec quatre noms aux côtés des deux sortants PLR Jean-Daniel Carrard et Gloria Capt. Deux collègues de parti, Giuseppe Alfonso et Christian Weiler, ainsi que l’UDC Pascal Gafner et le Vert’libéral Thierry Gaberell. Ce dernier a quitté en 2020 le parti socialiste pour rejoindre le centre-droit. La présence des Vert’libéraux à la candidature à la municipalité est aussi une nouveauté.

La droite ne cache pas revendiquer six sièges sur sept que compte la municipalité. Deux de ses municipaux actuels ne se représenteront pas. Doyen de l’exécutif, le vice-syndic PLR Marc-André Burkhard et la PLR Valérie Jaggi Wepf ne souhaitent pas briguer de nouveaux mandats. Le premier aura bientôt 80 ans. La seconde invoque des raisons de santé. La droite arrivera-t-elle à conserver sa majorité dans ces conditions? Yverdon a la particularité de changer de majorité chaque cinq ans, rappelle-t-on volontiers dans la Cité thermale.

Le parti libéral-radical compte sur son bilan de législature pour convaincre les Yverdonnois. Reste que cette dernière a été entachée par une rupture de collégialité, marquée par l’affaire de La Région, le journal local, et le départ forcé de sa rédactrice en chef. Un scandale qui a fait parler d’Yverdon et de son syndic, le PLR Jean-Daniel Carrard loin à la ronde. Le syndic en place depuis 2015 (à l’exécutif depuis 2002), aussi député au Grand conseil vaudois, est une figure controversée, souvent attaquée par la gauche. Des rumeurs courent régulièrement à son encontre à propos de conflits d’intérêts, souvent relatés dans la presse, mais elles n’ont jamais été démontrées.

Climat tendu, gauche unie 

Les tensions sont aussi très prégnantes au sein du conseil communal où la droite est également majoritaire. Agressivité, animosité, huée, sexisme, irrespect, manque d’écoute, voilà les qualificatifs qui reviennent dans la bouche de nombreux élus et municipaux pour qualifier la teneur des débats à Yverdon.

Difficile de faire avancer des projets dans une telle ambiance. Quelques personnalités, notamment à l’extrême droite de l’échiquier politique, sont pointées du doigt pour leurs propos «provocateurs» et parfois qualifiés «d’irresponsables».

Mais les débats ont toujours pu avoir lieu, s’accordent à dire plusieurs élus. «Tous les préavis importants sont passés et le budget a été voté en un temps record. Le reste, ce sont des effets de manche», relève le PLR Laurent Roquier. «La minorité arrive à s’exprimer, parfois moins sur certains sujets que d’autres. La culture est sans cesse attaquée par la droite. Mais nous faisons de même sur la résistance aux questions de mobilité», réagit la Verte Léa Romanens. «Nous avons quand même réussi à faire passer la déclaration d’urgence climatique et un projet de plan climat», fait remarquer le socialiste Julien Wicki.

La capitale du nord-vaudois est une ville où la politique est divisée en deux blocs,  gauche-droite, de manière très frontale. Au conseil communal la répartition 42, à gauche (+ 2 indépendants), contre 56 à droite pourrait être basculée. Car cette fois-ci la gauche radicale forme des alliances. Le POP est de retour, sur une liste commune rose-rouge avec le PS et propose ensemble 43 candidat.e.s.

Jeunesse impliquée pour l’écologie

Il y a cinq ans Solidarité & Ecologie était parti seul, n’avait pas atteint le quorum et ses voix avaient été redistribuées, notamment à la faveur de la droite. Cette fois-ci le groupe fait alliance avec les écologistes: les Vert.e.s et les Jeunes Vert.e.s en présentant 50 profils. Ce ticket peut aussi avoir du poids car les Jeunes Vert.e.s ont fait d’excellents scores aux dernières élections fédérales, en particulier à Yverdon. Des figures de la Grève du climat comme Ella-Mona Chevalley et Mathilde Marendaz se présentent notamment sur ces listes.

Yverdon est en quelque sorte devenu le fief d’une jeunesse impliquée pour l’écologie et cela s’explique notamment par une vie associative très active autour de ces enjeux et de ceux de solidarités, comme avec le festival AlternatYv, la Dérivée ou encore l’association pour l’aide à l’inclusion des réfugiés, Paires, co-créée par Paul Camille Genton, aussi candidat.

Le retour uni de la gauche pourrait avoir un effet sur ce basculement de la majorité, sans compter que le PS, les Vert.e.s et les Jeunes vert.e.s ont fait de très bons résultats aux dernières élections fédérales. La présence de petits groupements amènerait aussi davantage de nuances aux débats, très polarisés, indique le popiste Luca Schalbetter. Cette «menace» de la gauche radicale la droite la reconnaît bien présente. «La gauche tire vers la gauche radicale et celle-ci est très dogmatique», soutient le président du PLR Yverdonnois Laurent Roquier. «Elle s’oppose à tout ce que nous avons développé. Elle veut une ville à 30km/h, la suppression du parking sous-terrain sous la Place d’Armes, etc. Nous espérons que la population verra le danger.» Le PLR et les Vert’libéraux font front commun avec une liste de 76 candidat-e-s. L’UDC, quant à elle, part seule.

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Elections communales vaudoises des 7 et 28 mars 2021

jeudi 25 mars 2021
Au tour des Vaudois-e-s de renouveler leurs autorités législatives et exécutives. Notre dossier vous présente les enjeux de ces élections.

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