Genève

Cafés trop serrés

CAFÉS TROP SERRÉS
Manifestation ce jeudi 19 novembre à Genève. JPDS
Covid-19

Le désarroi des cafetiers romands et des petits commerçants genevois est palpable et ô combien compréhensible. Fermés pour le bien commun, ils paient bonne part de la facture de leur poche. Dans un secteur soumis à une concurrence intense, où la survie d’un nouveau troquet est l’exception, où nombre de petites surfaces ne résistent aux grandes que par l’auto-exploitation, la faillite guette. Emportant parfois les bas de laine ou les retraites des tenanciers. Et souvent un peu de l’âme d’un quartier. Les chaînes de fast-food et les hypermarchés, eux, se frottent déjà les mains.

Et pourtant, la manifestation de la Société des cafetiers (SCRHG) jeudi à Genève laisse un goût amer. Réclamer à corps et à cris la réouverture des bars et restaurants alors que la pandémie sature les hôpitaux et les morgues paraît peu opportun. Il suffit d’observer la courbe désormais descendante des infections pour comprendre le rôle joué par ces lieux sociaux en intérieur dans la propagation du virus. Ecarter cette réalité au prétexte que les bus poursuivent leur route et que les restaurateurs auraient fait tout juste en matière sanitaire entre les deux vagues n’est pas sérieux.

D’autres cafetiers l’ont bien compris et sont demeurés en marge du rassemblement de la SCRHG. Plutôt que de militer pour rouvrir des espaces condamnés soit à relancer la pandémie soit à demeurer déserts, ils demandent un soutien conséquent de l’Etat, à la hauteur de leur sacrifice. Une position logique.

La SCRHG a malheureusement préféré une autre voie. Entachée qui plus est par les interventions, jeudi à la tribune, de plusieurs personnes bien connues pour leur discours niant la crise sanitaire. Un voisinage d’autant plus aberrant que certains de ces orateurs, dont Ema Krusi, complotiste patentée, et l’anthropologue autoproclamé Jean-Dominique Michel, propagent depuis des mois l’idée qu’une seconde vague était impossible. Propos qui ont sans doute contribué au relâchement des consignes sanitaires de cet automne et donc aux fermetures des bistrots…

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