Les moyennes sont trompeuses!
Le couperet est tombé. Nous connaissons nos primes d’assurance maladie pour l’année prochaine. Sourire vainqueur, le conseiller fédéral Alain Berset s’est glorifié dans les médias de ce qu’il qualifie de bon résultat. Méfions-vous des moyennes!
Comme chaque année, dès que les nouvelles primes sont annoncées, je clique sur «Priminfo», le calculateur des primes en ligne de la Confédération, pour voir à quelle sauce je serai mangé. Augmentation moyenne pour Genève 0.6%. L’alourdissement sera minime, pensez-vous. Ne croyez pas ça! Pour moi, ce sera plus de 3%, soit 15.90 francs par mois, soit plus de cinq fois cette moyenne trompeuse.
Et pourtant, je m’efforce d’utiliser au mieux les possibilités du système: médecin de premier recours, HMO, changement de caisse, j’ai tout essayé pour payer moins. Ainsi, depuis 2010, j’ai changé à trois reprises de caisse maladie afin de contracter auprès de la moins chère, dans la catégorie la plus favorable. Ceci, sans souscrire auprès des caisses où le client paie ses frais de pharmacie et de franchise avant de se faire rembourser, ni bénéficier des franchises plus élevées, toutes mesures peu sociales et pas solidaires.1>Peu sociales parce que seuls ceux qui en ont les moyens peuvent les utiliser sans se faire de souci et pas solidaires parce que les franchises font augmenter les primes de l’ensemble.
Malgré tout, mes primes ont subi une augmentation de près de 55% en 11 ans, passant de 339.80 francs en 2010 à 524.10 francs pour 2021…
La moyenne est trompeuse. Chaque année, parfois tous les deux ou trois ans, les primes qui s’avéraient avantageuses se trouvent augmentées parce que de nombreux nouveaux assurés ont rejoint cette caisse ou cette catégorie d’affiliés. En fait, les augmentations les plus fortes touchent avant tout les primes les plus basses, dans les caisses les moins chères.
Une concurrence avec des prestations identiques, des réserves pour chaque assurance et une gestion pour le moins peu transparente… c’est le système qui est gangréné. Il est grand temps que soit remis sur le métier le principe d’une caisse unique, avec des primes selon les revenus et par famille, ou au moins la création d’un fond de réserve unique, voire de caisses cantonales chez qui devraient s’affilier obligatoirement les bénéficiaires de subventions afin que l’Etat récupère les montants faramineux qu’il distribue dans ce but aux assurances.
En effet la situation actuelle n’est plus tenable, même si j’y trouve la facilité de n’avoir qu’à adapter les chiffres de mon article de l’année dernière pour vous faire part de ma colère. Car, rien ne change, si ce n’est les réserves des caisses maladie… qui augmentent avec l’argent de nos cotisations.
Jean-Jacques Maillard,
Genève
Notes