Édito

UE: Leçons d’un accord et d’un désaccord

UE: accords et désaccords 1
La présidente de la commission européenne, Ursula Von Der Leyen, et le président du Conseil européen, Charles Michel, célèbrent la conclusion du sommet. KEYSTONE
Union européenne

Peu d’accords historiques naissent sans douleur, d’autant moins s’ils impliquent l’unanimité de vingt-sept Etats. Le «plan de relance» de l’Union européenne (UE), adopté dans la nuit de lundi à mardi, pouvait difficilement faire exception. Malgré la forte pression des deux grands de l’UE, le principe de mutualisation des dettes n’est passé qu’à la raclette. Et au prix fort: réduction des montants, baisse du budget de l’UE et octroi ou prolongation de rabais fiscaux; les opposants ne repartent pas les mains vides. Une résistance opiniâtre dont on peut faire deux lectures, l’une optimiste et l’autre plus inquiétante.

Sans nier les limites, notamment productivistes, du projet franco-allemand, la réponse proposée à la crise du Covid-19 a au moins le mérite d’en appeler à la solidarité entre membres de l’UE. Entre prêts garantis en commun et subventions supplémentaires, le plan renforce ou invente des mécanismes de redistribution continentaux, indispensables pour accompagner le marché et la monnaie uniques. A cette aune, la dure résistance des mieux portants, économiquement, ne fait que souligner leur défaite sur le fond. Une fois testée avec succès, la méthode mutualiste pourra s’appliquer à d’autres crises, à d’autres défis.

Une seconde lecture incite toutefois à plus de prudence. Au vu de la gravité de la situation et de la conversion de l’Allemagne, la détermination des Pays Bas, Danemark, Autriche, Suède et Finlande à s’opposer à une avancée de l’UE laisse songeur. D’autant que plusieurs de ces Etats sont parmi les pionniers de l’ex-Communauté économique européenne. Que ces petits pays – poussière d’Etat à l’échelle mondiale – voient, en 2020, avec inquiétude un renforcement de l’Union en dit beaucoup sur la crise de l’idée européenne.

Plus étonnant encore: une majorité des gouvernements rétifs à l’accord sont en mains de formations s’affichant sociales-démocrates. Difficile de mieux illustrer la rupture entre une frange de la gauche et ses principes historiques de solidarité.

Opinions Édito Benito Perez Union européenne

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