Manœuvre cousue de fil blanc
Officiellement, le référendum contre la loi instaurant une rente-pont pour les chômeurs âgés n’émane pas de l’UDC; mais le comité qui le lance est composé d’udécistes pur jus; et le parti blochérien le soutient! Et tout cela n’est que très logique. Le projet de rente-pont fait partie du dispositif, avec d’autres mesures portant notamment sur la formation, qui est opposé en forme de réponse politique à l’initiative de résiliation de l’UDC visant à mettre fin à la libre-circulation et sur laquelle le peuple votera le 27 septembre. L’attaque fait sens.
Elle s’inscrit aussi pleinement dans l’idéologie néolibérale du parti d’extrême droite. Celui-ci s’oppose au principe même d’un filet social pour les victimes de l’économie de marché. En cela, la formation montre son vrai visage antisocial. Sa tactique consistant à opposer les braves travailleurs helvétiques aux bras noueux à la pseudo-armée de réserve n’est que poudre aux yeux et s’inscrit dans la droite ligne de sa stratégie, maintes fois éprouvée, du bouc émissaire.
Il faut tout de même un sacré culot pour s’attaquer de la sorte aux travailleurs âgés qui restent sur le carreau. Car, que leur propose l’UDC? De recourir à l’aide sociale, de sombrer dans la misère, si possible sans trop moufter… Beau programme.
Jeudi, lors du lancement du référendum, on a entendu l’argument qui va beaucoup servir ces prochains mois: la rente-pont serait un encouragement à licencier les travailleurs âgés pour les remplacer par des jeunes, même pas de chez nous, moins chers. Imparable. Mais faux.
L’expérience vaudoise, canton où un dispositif de ce type existe depuis dix ans, montre que tel n’est pas le cas. L’actuel président de l’Union syndicale suisse, l’ancien conseiller d’Etat Pierre-Yves Maillard, a rappelé lors des débats parlementaires que le nombre de chômeurs de plus de 60 ans était plus élevé dans son canton avant l’introduction de la loi qu’après. La baisse a même été d’environ 10%. 1>Voir L’Evénement syndical du 17 juin, «Les chômeurs âgés en fin de droits bénéficieront d’une rente-pont»
Enfin, on gardera pour la bonne bouche la contradiction qu’il y a pour la formation populiste de glapir comme elle le fait contre ce qui est une avancée sociale importante tout en savourant la manœuvre indécente de son ex-leader Christoph Blocher, qui exige aujourd’hui sans vergogne le versement rétroactif de sa rente de conseiller fédéral à laquelle il avait renoncé. Une parfaite illustration de la politique sans aucune boussole morale de ce parti.
Notes