Suisse

Viol, quelle sanction?

Viol, quelle sanction?
Manif Lausanne. à l'occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. le 25 novembre. KEYSTONE - PHOTO PRETEXTE
Justice 

Le Code pénal suisse doit changer sa définition du viol. La loi actuelle ne tient pas compte du consentement des victimes, laisse de côté un grand nombre d’abus sexuels et ne peut être invoquée que pour le viol d’une femme par un homme… Des limites tellement grossières qu’un large consensus politique devrait être trouvé. Reste à se mettre d’accord sur les principes fondamentaux régissant la lutte contre les violences sexuelles, thème cher aux féministes.

Car la droite appelle à un durcissement des condamnations, notamment par une initiative parlementaire UDC qui réclame une peine plancher de trois ans de prison ferme. Surveiller et punir, on connaît la chanson ultra sécuritaire. Elle ne résoudra pas le problème des femmes qui n’osent pas porter plainte par honte, par crainte du non-lieu ou par peur de ne pas être crues. En Suisse, où 22% des femmes ont subi des actes sexuels non consentis, selon une étude d’Amnesty International, seules 8% portent plainte.

Faire évoluer la loi permettra de mieux entendre les victimes en plaçant le consentement comme point cardinal. Les peines de prison ferme dissuaderont-elles les violeurs de récidiver? Les constats du côté de la sociologie montrent que l’environnement carcéral est criminogène et ne porte pas de remède en soi.
Accompagner les victimes dans leur reconstruction, encadrer les hommes violents pour qu’ils changent leur comportement en profondeur, exige de la patience et des moyens. Or ces derniers manquent cruellement, de même que des études approfondies sur une prise en charge efficace de la violence.

Le besoin de justice des victimes doit être au cœur des préoccupations. Il n’est pas acceptable d’entendre dire au tribunal qu’«un non ne suffit pas aux yeux de la loi», ni qu’une victime doive prouver qu’elle a tenté de se défendre, alors qu’un état de sidération est fréquent en cas de viol. Une juste condamnation des faits et de l’agresseur par une instance judiciaire leur permettra d’aller de l’avant. Mais la sanction devrait aussi donner du sens au processus, permettre de questionner les vertus d’un enfermement de trois ans – comme le voudrait le taux plancher – ou plus en milieu carcéral.

Surtout, le viol n’est pas qu’un enjeu individuel. C’est la société dans son ensemble qui doit remettre en question l’image, omniprésente dans la pub, la culture visuelle et autres stéréotypes dans lesquels nous baignons, de femmes toujours disponibles sexuellement. 

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