Genève

Un appétit d’ogre pour les Verts

Un appétit d'ogre pour les Verts
De gauche à droite: Frédérique Perler (Les Verts), Sami Kanaan (PS), et Alfonso Gomez (Verts). KEYSTONE
Ville de Genève

En conquérant le 15 mars dix sièges supplémentaires au délibératif de la Ville de Genève, les Verts y sont devenus la deuxième force, juste derrière leur allié socialiste. Ils ont ensuite gagné un second poste à l’exécutif. Un succès foudroyant qui permettait à cette formation d’avoir de l’appétit à l’heure de répartir les dicastères au sein du nouveau gouvernement de la commune, en fonction dès le 1er juin.

Le résultat des négociations a été communiqué lundi: pour mettre en œuvre la transition écologique promise et réclamée avec ferveur par les grévistes du climat, les Verts ont pris les commandes de tous les leviers stratégiques: Aménagement, Constructions, Mobilité, Espaces verts, Agenda 21, sans oublier le plan climat transversal à tous les départements. Le tout en tenant les cordons de la bourse.

Ce qui est un atout autant qu’un piège. Car le défi est gigantesque: nombre de bâtiments en Ville sont de véritables passoires énergétiques, le béton est omniprésent et les rares pistes cyclables sont, pour bonne part, des pièges à cyclistes. Cela alors que les ressources diminueront en raison de la réforme fiscale des entreprises (RFFA) et de la récession due à la crise du Covid-19. Une crise qui impliquera d’importants investissements, y compris de la part des communes, pour atténuer la casse sociale et relancer l’emploi et l’économie. Tout cela, promet-on, sans diminuer les prestations.

Autant dire que les attentes pour la gauche, doublement majoritaire en Ville (délibératif et exécutif) et qui a donc les coudées franches pour mener sa politique, sont à la hauteur des espoirs. Et en particulier en ce qui concerne les Verts, attendus au tournant. Faute de véritables résultats, ils pourraient le payer cher dans cinq ans.

Face à l’ampleur de la tâche, l’exécutif promet de travailler de façon collégiale et transversale, par contraste avec la fin de cette législature difficile. La répartition des départements sans vote, et donc consensuelle même si on ne sait pas à quel point, est un bon départ. Reste qu’en prenant les Finances, Alfonso Gomez pourrait être amené à essuyer les plâtres par exemple d’une RFFA imposée à Genève par la droite avec la bénédiction d’une partie des socialistes, dont les actuels magistrats roses en Ville.

Outre les aspects budgétaires susceptibles de présenter des lignes de tension au sein du collège, la densification du territoire pourrait créer quelques étincelles, M. Gomez incarnant le récent virage contre la croissance du canton, laquelle divise son parti, mais aussi la gauche dans son ensemble, comme la droite.

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