Édito

Le refus de cibler au mieux

Le refus de cibler au mieux
Les conseillers fédéraux Simonetta Sommaruga et Alain Berset mercredi à Berne. KEYSTONE
Déconfinement

Le Conseil fédéral a présenté mercredi un imposant train de mesures devant rythmer le déconfinement de la Suisse. Pas de grandes surprises du côté de celles relevant de la formation, des sports ou des manifestations culturelles dont le sort a été scellé mercredi.

Et les milieux économiques ont pu afficher leur satisfaction. De fait, c’est une oreille très attentive que le Conseil fédéral leur a prêtée. Ainsi, pour le transport aérien, quelque 1,9 milliard de francs seront débloqués pour venir en aide à Swiss. Ceci, sans aucune exigence en matière de nouvelle vertu climatique. Il s’agit de relancer la machine. Punkt Schluss. Les Jeunes Verts brandissent déjà la menace d’un référendum.

Deuxième domaine traité mercredi par le Conseil fédéral: les médias. Certains y verront le verre à moitié plein. Ce secteur, sinistré depuis des années et menacé de mort imminente par la crise du Covid-19, est enfin pris en compte en raison de sa mission fondamentale consistant à alimenter le débat démocratique. Enfin! Les choses bougent. Des financements pérennes sont proposés dans un cadre résumé dans un message fédéral.

On constatera tout de même que les autorités ont pris soin de ne pas froisser les grands groupes de presse. Ceux-ci pourront profiter de la manne fédérale via l’aide à la distribution par La Poste, qui sera étendue aux journaux tirant à plus de 40’000 exemplaires. Pour ne pas prétériter les petits titres bénéficiant déjà de ce soutien, il faudra prévoir 20 millions de francs supplémentaires aux 30 millions annuels. Cela sera-t-il suffisant ? Ne parlons même pas de leur accorder un aide plus substantielle

Surtout, ça ne résout pas la quadrature du cercle: cette aide ira à des groupes florissants, à l’instar de TX Group (ex-Tamedia), qui vient de verser des dividendes pour un montant de 37 millions de francs à ses actionnaires et un intéressement de 8 millions pour ses administrateurs, nonobstant la crise du Covid-19, le recours au chômage partiel et l’annonce à l’interne que de nouveaux postes seront sabrés.

Il eût été logique de poser quelques conditions, le Conseil fédéral ne l’a pas fait. Les Chambres sauront-elles se montrer plus regardantes, elles qui aiment dénoncer la politique de l’arrosoir?

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