Brexit: cherche sortie à tout prix
L’Union européenne (UE) et le gouvernement britannique ont annoncé jeudi la conclusion d’un nouvel accord. Il pourrait potentiellement enfin ouvrir la porte à une sortie négociée de la Grande-Bretagne de l’UE. A y regarder de plus près, on est encore loin de la coupe aux lèvres. Si ce texte devrait passer sans trop d’encombres l’épreuve du vote du parlement européen, le premier ministre britannique Boris Johnson est loin d’avoir une majorité de députés pour valider la feuille de route négociée.
Les travaillistes qualifient ce deal «d’encore plus mauvais que celui proposé par Theresa May», et les petites formations sur lesquelles devrait s’appuyer Boris Johnson ne goûtent guère le brouet qu’on leur sert. Il relance même les velléités indépendantistes écossaises et le rêve de réunion de l’Irlande. On a vu mieux en termes de stabilité.
Il est un peu désolant que la proposition du parti travailliste de faire revoter le peuple sur le fond ne soit pas explorée avec plus de sérieux. Admettons qu’au niveau des pays voisins, on n’en prend pas le chemin non plus. L’antidémocratique traitement des indépendantistes catalans n’est pas pour rassurer. Et les Français ont été roulés dans la farine par une classe politique complice pour contourner le refus populaire du Traité constitutionnel européen en 2005. Même Jean-Luc Mélenchon, avec sa proposition d’un grand coup de sac constitutionnel, est inaudible.
Le vote sur le Brexit a surtout dérapé en raison d’un manque de culture démocratique et d’un acquiescement à des promesses qui ne pouvaient être tenues. La sortie de cette impasse est sans doute à chercher dans une revivification des institutions à même de rendre la voix au souverain. Les votes bloqués, le chantage et le refus de proposer des alternatives sont des aveux de faiblesse.
Qui conduisent dans des impasses bien pires. Plusieurs scrutins suisses l’ont récemment rappelé, et le choix de l’électorat étasunien d’élire le délirant Donald Trump contre l’avis d’à peu près toutes les élites politiques et médiatiques acquises à la mondialisation libérale en est la manifestation la plus ostentatoire.
A trop refuser la démocratie, on en paie le prix. Sur le plan social, politique et même géopolitique, comme l’illustre le bourbier du Moyen-Orient, conséquence de ce genre d’aveuglement qui a pavé la voie au versatile homme d’affaires installé à la Maison-Blanche.