De l’huile sur le feu
Le Tribunal suprême espagnol le reconnaît: l’ordre constitutionnel n’a jamais été menacé lors du référendum catalan d’autodétermination. Et aucune violence n’a été sciemment orchestrée par ses organisateurs. La sentence, rendue hier matin, anéantit l’extravagant scénario du «coup d’Etat» catalan, clamé depuis deux ans par les médias et partis espagnolistes et repris à son compte par le Ministère public. La cour de Madrid a pourtant condamné les principaux acteurs du référendum d’octobre 2017 à de très lourdes peines de prison. Non plus pour rébellion mais pour «sédition». Un verdict éminemment politique.
Comment pourrait-il en être autrement? Invoquer l’illégalité du mouvement en faveur de l’indépendance pour incarcérer ses promoteurs est tautologique et aberrant. Par essence, un tel processus exige des changements constitutionnels qu’aucun mécanisme institutionnel, ici, ne prévoit. Et auquel Madrid a systématiquement mis son veto depuis l’invalidation du «Statut catalan» en 2010 par la Cour constitutionnelle.
Or c’est au politique de dégager les voies d’un dialogue entre la minorité mécontente et le reste de la nation. Un conflit de souveraineté ne pourra jamais être réglé par un juge.
Au final, le message adressé par le Tribunal suprême espagnol apparaît presque plus inquiétant et symbolique que ne l’était le réquisitoire des procureurs: les défenseurs du droit à l’autodétermination seront impitoyablement réprimés, même s’ils demeurent sur une voie démocratique et pacifique. Redoutable signal.