Genève

A l’école de la ségrégation

A l'école de ségrégation
Le cycle du Marais facebook/Canal Onex
École

En 2009, les Genevois plébiscitaient dans les urnes à 75% le «nouveau Cycle d’orientation». La réforme a réintroduit les sections et mis un terme à la guerre scolaire qui pourrissait depuis des années les débats sur l’école. Dix ans plus tard, celle-ci est certes pacifiée sur le plan politique, mais cela fait une belle jambe aux élèves qui ont été cantonnés dans des ghettos pour «nuls».

Séance souvenirs: à l’époque, l’initiative du Réseau école et laïcité (REEL), très sélective avec l’introduction de nombreuses sections imperméables, était sur la table ainsi qu’une autre, diamétralement inverse, en faveur d’une généralisation de l’hétérogénéité que connaissaient trois établissements sur vingt. Le conseiller d’Etat socialiste Charles Beer, encore traumatisé par l’échec du retour des notes à l’école primaire, a œuvré pour que soit trouvée par le Grand Conseil une version intermédiaire qui fasse consensus. En créant des passerelles permettant des orientations ascendantes entre les sections réintroduites, l’école ne deviendrait pas davantage sélective, avait promis presque toute la classe politique.

Un miroir aux alouettes qui se fissure à l’heure des constats chiffrés. La sélection sociale s’est durcie et les passerelles ont surtout fonctionné vers le bas. L’inégalité entre les élèves se mesure avec effroi au vu des attentes dans les disciplines principales (math, français, allemand). Les élèves de la section la plus élevée les remplissent presque tous, alors que très peu y parviennent dans la section intermédiaire et pour ainsi dire personne dans les «ghettos» de la moins exigeante!

Aujourd’hui, il faut saluer la camarade Anne Emery-Torracinta, qui a le mérite de poser clairement le constat d’échec du Grand Conseil et de son prédécesseur. Car sans un diagnostic lucide, impossible de réparer la casse. On reste toutefois sceptiques sur les réponses esquissées, qui semblent manquer d’ambition. La piste suivie est une hétérogénéité en première année du Cycle, intégrant toutefois des niveaux dans certaines disciplines et des options. Et les deux années suivantes? Pour l’instant, rien. Se posera aussi la question des moyens que les politiques consentiront à débloquer.

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