Édito

Eau sous pression

Eau sous pression
Quelque 15% des stations de pompage d’eau potable souterraine en Suisse présentent des taux de nitrates trop élevés. KEYSTONE
Pollution

Quelque 15% des stations de pompage d’eau potable souterraine en Suisse présentent des taux de nitrates trop élevés. Sur le Plateau, là où l’agriculture est la plus intensive, ce sont même 40% des sites qui dépassent les normes en la matière. Le problème est similaire pour les pesticides: 20% des stations analysées présentent des taux supérieurs à la norme.

L’eau que boivent de nombreux Suisses est donc polluée pour cause d’agriculture trop intensive. Inquiétant, les eaux souterraines représentent 80% de la consommation dans notre pays.

Le bilan présenté jeudi par les autorités fédérales va alimenter les débats politiques en attendant le traitement de deux initiatives populaires fédérales demandant, pour l’une, «une eau potable propre» et, pour l’autre, «une Suisse sans pesticides de synthèse».

Le lobby paysan a bloqué ces textes au Conseil national où les députés les ont rejetés par 130 voix contre 58 les jugeant «excessifs». Les parlementaires ont même refusé l’idée d’un contre-projet. De fait, hier, la réaction de l’Union suisse des paysans faisait porter le chapeau… aux collectivités publiques, en relevant finement que 42% des captages n’ont pas encore été délimités conformément au droit fédéral. Bref, elle a dégagé en touche.

Initiatives durables

La Chambre haute va maintenant se saisir de ces objets. Sera-t-elle moins inféodée aux lobbies? Il serait souhaitable que les députés se réveillent un peu et se préoccupent davantage du bien commun. A défaut, un soutien à ces textes des milieux soucieux de durabilité s’imposera. Et ces initiatives ne sont pas aussi excessives que le proclame le lobby paysan. Celles-ci proposent, par exemple, d’exclure des paiements directs les exploitations agricoles qui administrent des antibiotiques à titre prophylactique aux animaux qu’elles détiennent. Inversement, l’agriculture durable serait mieux servie.

Rien de très révolutionnaire, une simple réorientation de notre politique agricole avec des outils de pilotage économique qui devraient au contraire plaire aux tenants du libéralisme. A moins que leur récent plaidoyer environnemental et climatique ne soit bassement lié aux échéances électorales de cet automne. Mais ce serait voir le mal partout.

Opinions Édito Philippe Bach Pollution

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