Édito

Le choix du vert

Le choix du vert
Martin Neukom, avec la résidente des Verts zurichois Marionna Schlatter-Schmid. KEYSTONE
Zurich

Le vert écologiste plutôt que le vert UDC. Lu comme ça, le scrutin cantonal zurichois est prometteur, à six mois des élections fédérales. En perdant neuf mandats de député, l’UDC confirme sa petite forme, réalisant dans le bastion blochérien son plus bas score depuis 1995. Son double discours – protecteur et ultralibéral – paraît moins audible depuis que son inspirateur a pris sa retraite. Un paradoxe à l’heure où les populismes xénophobes séduisent la planète. Comme un symbole: Verts libéraux (23, +9) et Parti écologiste (22, +9) cumulent désormais le même nombre de députés – 45 – que l’UDC!

Autre fait saillant ce dimanche à Zurich, ses alliés PLR et PDC n’ont pas profité du recul blochérien: ils perdent eux aussi trois sièges, voyant leur ancienne majorité bourgeoise s’éloigner irrémédiablement. Et ce au moment où les Verts libéraux – futurs faiseurs de majorité au Grand Conseil – opèrent un certain recentrage.

A gauche, la liste alternative et les socialistes n’ont pas souffert de la poussée des cousins verts ni, pour les seconds, de la fuite de la très droitière et europhile Chantal Galladé chez les Verts libéraux. Stable au Grand Conseil, le PS a carrément dominé la course à l’exécutif. Quant aux Verts, ils voient confortée la ligne progressiste affirmée au niveau national. N’en déplaise aux Cassandre centristes, leur cohérence fiscale et le lancement du référendum contre la RFFA n’entravent aucunement leur développement.

Dans la foulée des mobilisations climatiques de la jeunesse, la poussée des listes vertes à Zurich réjouit, sans pour autant occulter ses limites. Il faudra en effet attendre pour y voir davantage qu’une adhésion conjoncturelle. Aux élections zurichoises de 2011, tenues un mois après la catastrophe de Fukushima, les deux partis verts avaient culminé à 38 sièges. Avant d’en perdre onze quatre ans plus tard.

L’autre bémol tient à la nature même du parti vert libéral. Oxymore attractif, il vend l’illusion qu’on saura répondre à la crise écologique sans changer en profondeur le système qui l’a engendrée. Si elle demeure une brève passade vers une prise de conscience plus réaliste, l’écologie libérale peut avoir sa raison d’être. Mais à long terme, ce peut être un poison fatal.

Opinions Édito Benito Perez Zurich

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