Édito

«Tolérance zéro» par les actes

«Tolérance zéro» par les actes
L'ex-cardinal Theodore McCarrick, a été ramené à l'état laïc par le pape François. KEYSTONE
Eglise catholique

Les attentes sont à la hauteur de l’effroi suscité: depuis des années, aux quatre coins du monde, éclatent des affaires de pédophilie bouleversantes, tant par leur nombre que par l’ampleur de l’atteinte infligée aux victimes. Et les regards sont aujourd’hui tournés vers Rome où s’ouvre le sommet consacré à la protection des mineurs dans l’Eglise.

Jusqu’à dimanche, les présidents des conférences épiscopales du monde entier plancheront sur la responsabilité des prélats ayant couvert des agressions sexuelles de mineurs.

2018 a été une année charnière pour l’Eglise catholique, marquée par la révélation d’énormes scandales aux Etats-Unis, au Chili ou encore en Allemagne. Après des siècles de silence, le caractère systémique de ces abus éclate au grand jour. Si des pas concrets ont déjà été accomplis dans l’Eglise depuis une vingtaine d’années, l’ampleur du chantier reste colossale. Le pape le reconnaissait en rappelant récemment qu’en dépit de ce sommet, «le problème des abus continuera».

En cause, la «déification» des prêtres, le cléricalisme opaque et la sexualité taboue qui participent de la mécanique criminelle des abus. Si l’on en croit ainsi l’enquête de Frédéric Martel, Sodoma, l’homosexualité réprouvée par l’Eglise catholique – mais largement répandue – assoit un système d’omerta protégeant les abuseurs: car les prêtres homosexuels couvrent les pédophiles et inversement.

Samedi dernier, le pape ramenait à l’état laïc l’ex-cardinal américain Theodore McCarrick, accusé d’abus sexuels. Geste opportuniste posé à l’approche d’un sommet très attendu, ou signe tangible de cette ère de «tolérance zéro» prônée à plusieurs reprises? Dans certaines parties du monde, sécularisation aidant, l’institution catholique semble du moins abandonner de sa superbe, reconnaissant enfin qu’elle n’est pas au-dessus des lois et que la recherche de la vérité n’est pas une simple affaire spirituelle. Pour que la rencontre romaine serve réellement l’éradication des abus et entraîne la réforme profonde que beaucoup appellent de leurs vœux au sein de l’Eglise elle-même, d’autres gestes conséquents devront néanmoins encore être posés d’ici à dimanche.

Opinions Édito Dominique Hartmann Eglise catholique

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