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Le low cost est toujours trop cher

Le low cost est toujours trop cher
Derrière les vols low cost se cache une triste réalité: celle du démantèlement social à l’œuvre, avec des employés exsangues, des horaires insensés, des salaires à la baisse. KEYSTONE
Aéroport

Pendant longtemps, l’aéroport de Cointrin a fait figure de veau d’or. Les millions coulaient à flots. Easyjet avait avantageusement remplacé la défunte Swissair. Tous les week-ends, des Genevois se transformaient à bon compte en globe-trotters. Alors que l’entité publique devenait le laboratoire de la déréglementation des droits sociaux, seules des voix minoritaires s’élevaient pour remettre en question son inexorable développement. Aujourd’hui, le vent tourne.

Sur le plan social, tout d’abord. Gate Gourmet, ISS, SR Technics, Swissport, Securitas, Dnata… Les conflits sociaux se suivent et se ressemblent. Sur les dix dernières années, entre un quart et la moitié des conflits collectifs du canton se sont déroulés dans l’enceinte de l’aéroport. Car derrière les vols low cost se cache une autre réalité: celle du démantèlement social à l’œuvre, avec des employés exsangues, des horaires insensés, des salaires à la baisse.

Sur le plan environnemental, ensuite. Les riverains se sont fédérés pour dénoncer les nuisances d’un vol toutes les trois minutes et, sans doute, toutes les nonante secondes d’ici à 2030. Avec sa cohorte de bruit et de pollution. Mais au-delà des riverains, c’est toute la planète qui est en sursis. L’aviation représente 10% des gaz à effet de serre émis dans notre pays, en constante augmentation. Alors que 80% des vols au départ de Genève sont à destination de villes européennes atteignables en train, les billets d’avion sont peu taxés.

Leur prix ne prend pas en compte les conséquences sociales et environnementales de l’industrie aéroportuaire, payées par la collectivité. Le kérosène, lui, n’est pas taxé du tout. Que valent donc les recommandations du GIEC? Ou même les – faibles – engagements pris par la Suisse lors de la COP21?

Sur le plan de la gouvernance, enfin. Ni le Conseil d’Etat, ni le conseil d’administration de la régie publique, pas plus que la direction de l’aéroport n’ont été capables d’imposer des conditions de travail dignes aux 11 000 travailleurs du site. Et ce n’est pas l’octroi des concessions à Dnata et à Securitas, dans des circonstances opaques et sur lesquelles la justice enquête, qui sera à même de rassurer les citoyens et les employés.

Il est temps de changer de paradigme. L’initiative pour un contrôle démocratique de l’aéroport sur laquelle se prononceront, un jour, les Genevois constitue une étape. Et pour la première fois de son histoire, le Conseil d’Etat est présidé par un vert, Antonio Hodgers*. Le temps est venu qu’il s’intéresse aux multiples facettes de l’aéroport: sociales, environnementales et politiques. Il y a urgence.

*Depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle Constitution genevoise. Robert Cramer avait présidé le Conseil d’Etat du 3 décembre 2003 au 1er décembre 2004 lorsque la présidence était tournante et d’une durée d’un an. 

Régions Opinions Genève Christiane Pasteur Aéroport

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