RDC: un résultat forcément décevant
Le résultat des élections se fait attendre en République démocratique du Congo (RDC). Depuis le 30 décembre, seule une moitié des bulletins auraient été centralisés selon la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Une lenteur que n’explique pas la gigantesque superficie du pays, et qui attise les suspicions de fraudes autour du scrutin et les tensions dans un contexte de crise politique extrême. Sur les 90 millions d’habitants, près de 4 millions d’enfants souffrent de malnutrition aiguë et le revenu moyen est de 1,25 dollar par jour. Dans l’est, des groupes armés sévissent, encouragés par les conflits interethniques, les tensions avec les pays limitrophes, la crise politique ainsi que le trafic illicite des minerais.
Face à ces problèmes, les annonces de lutte contre la corruption et la pauvreté s’affichent au programme des principaux opposants à l’ex-ministre de l’Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary, poulain du clan Kabila (lequel a offert de nombreux gages aux entreprises chinoises). Félix Tshisekedi a promis de sortir le pays de la misère en investissant 86 milliards de dollars sur dix ans pour augmenter les revenus. Martin Fayulu, ancien du géant pétrolier Exxon Mobil, qui penche du côté des Etats-Unis et affiche son soutien aux missions onusiennes, veut créer 100 000 emplois par an en misant sur le tourisme.
Pour un pays dont le sous-sol regorge de ressources (cuivre, cobalt, coltan, or, diamants, charbon …), réduire la pauvreté est un objectif atteignable. Or, les intérêts des puissances étrangères ou des clans Mobutu et Kabila priment en RDC sur le bien-être de la population. Dans un contexte de déni démocratique permanent, le pays reste livré aux appétits extérieurs. Il illustre une histoire perpétuelle d’ingérence et de maintien au pouvoir de castes qui verrouillent leurs acquis par tous les moyens.
Les Kabila sont à la tête de 80 sociétés actives dans tous les secteurs de l’économie: extraction, hôtellerie, aviation, banques… Le président a déployé son contrôle tant sur la politique que sur l’économie du pays. Les puissances occidentales ont beau jeu de brandir des sanctions économiques contre ce gouvernement. Les mines, pendant ce temps, restent exploitées par des multinationales et alimentent nos téléphones à l’obsolescence programmée.
Que reste-t-il à la population locale pour se faire entendre, si ce n’est la révolte face à tant d’injustices? Quel que soit le résultat de ces élections, la rétention d’information, doublée d’irrégularités et de coupures de l’accès à internet, laisse planer un risque d’embrasement dans une véritable poudrière. I