Le monde va-t-il plus mal à la veille de 2019 qu’il y a un an? Certains indicateurs ont de quoi inquiéter: conflits armés meurtriers, crise migratoire mondiale, climat en déliquescence, victoires politiques de l’extrême droite, libéralisations à tour de bras, offensives contre les droits sociaux fondamentaux à travers le monde… Le passage en revue des nouvelles de 2018 livre la radiographie d’un monde effrayant, qui se replie sur lui-même. Des événements comme le G7 au mois de juin, au Canada, ont montré que les dirigeants les plus influents sont toujours plus à droite; pour se maintenir, ce camp politique se voit sans cesse poussé vers son extrême, brandissant les drapeaux identitaires et nationalistes.

Mais l’année 2018 a aussi compté son lot de luttes pour des conditions de vie dignes. Modestes, ces victoires collectives participent à la construction d’un monde plus juste. Du mouvement citoyen des gilets jaunes, qui parvient à mettre en panique le gouvernement macronien en réclamant la justice fiscale, aux avancées féministes du mouvement #metoo et de la reconnaissance du droit à l’avortement en Argentine et en Irlande; des mobilisations populaires qui ont mis un frein à l’extraction du gaz de schiste en Suisse aux protestations en Allemagne contre les mines de charbon à ciel ouvert, en passant par le maintien de certaines expérimentations décroissantes nées à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, on constate que les mouvements sociaux se consolident mutuellement, ont valeur d’exemple et apprennent les uns des autres.

Par rapport aux perspectives d’un Grand Soir, c’est peu mais bien concret, tangible. Plutôt que des actes de résistance désespérée devant la fatalité, ces exemples apparaissent comme autant de bastions à partir desquels il s’agit de poursuivre l’effort.

Nombreux sont les fronts sur lesquels il faudra maintenir la pression: écologique, social, contre les guerres et la vente d’armes, pour les droits des migrants et des personnes discriminées… Ces combats resteront prioritaires en 2019. D’ores et déjà, une grève nationale des femmes se profile en Suisse – à quelques mois d’élections fédérales. Le Courrier, qui achève une année de célébration de son 150e anniversaire, en restera un observateur et un commentateur assidu.