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Jeunes et vieux au chevet du climat

Retour sur une récente soirée de réflexion intergénérationnelle autour des enjeux climatiques organisée par l’association «Grands-parents pour le climat» à Lausanne, à laquelle Jean Martin a participé.
Rencontre

Devant les défis qui nous sont lancés quant à l’avenir de la planète et celui des générations futures, il est essentiel de promouvoir des échanges entre jeunes et moins jeunes construits sur une information adéquate. L’association «Grands parents pour le climat» (GPclimat), lancée en 2014 en Suisse romande et qui compte maintenant une demi-douzaine de groupes régionaux et plus de 500 membres, s’y emploie.1>Lire J. Martin (agora), «Ces grands-parents qui montent au front», Le Courrier, 24 octobre 2017.

Jeudi 29 novembre, les GPclimat invitaient à une manifestation intitulée «Agir ensemble pour le climat», en collaboration avec le Centre interdisciplinaire de la durabilité de l’Unil. Avec deux orateurs de haut vol: la climatologue Martine Rebetez et Jacques Dubochet, nobélisé il y a un an et membre de la première heure des GPclimat. Avec plus de 400 personnes ayant répondu à l’invitation, la soirée a fait salle comble.

Très complémentaires, les exposés des conférenciers ont décrit une situation qui renvoie à de sombres perspectives, au vu des développements exponentiels. Martine Rebetez a montré comment, sur le Plateau comme en montagne, la période d’hiver s’est raccourcie (de près de dix jours chaque décennie dans le passé récent) et comment le nombre de jours où la température dépasse 30° C augmente sérieusement. Selon Jacques Dubochet, «nous sommes très bons pour créer du savoir, nous sommes mauvais s’agissant de l’utiliser pour le bien de chacun» – formule illustrant ses engagements à la fois académiques et sociaux.

Une dimension neuve de la soirée était la participation d’une dizaine de groupes de jeunes, des Hautes Ecoles et au-delà, qui s’engagent de multiples manières en faveur de modes de vie plus durables et respectueux de l’environnement, notamment dans l’utilisation des ressources. Encourageant. Par des posters et en interrogeant les conférenciers, ils ont eu l’occasion de présenter leurs démarches. Leurs questions ont notamment porté sur les aspects politiques du combat pour le climat et sur le rôle de l’économie. Comment les citoyens, la société civile, peuvent-ils faire bouger les lignes? S’ils refusent l’idée d’un recours à la force, celle d’une désobéissance civile non violente fait son chemin. Le pouvoir des consommateurs a été relevé ainsi que l’importance du rôle qu’ils ont à jouer en étant attentifs à la qualité des aliments ou des biens achetés, à la manière dont ceux-ci sont produits et au coût de leur transport. Quelqu’un a dit «je suis ce que je mange».

Pour Martine Rebetez, «le futur est forcément sans carbone». Si la perspective de modifications radicales de nos styles de vie semble peu attrayante, un monde sans carbone peut être plus agréable à vivre que celui d’aujourd’hui, relève la climatologue. Certains appellent de leurs vœux un «Mai 68 climatique»! A une question sur la possibilité de stopper la dérive actuelle, Jacques Dubochet répond: «C’est possible parce qu’il le faut!» Dans la foulée, il dit joindre le pessimisme du réalisme à l’optimisme de la volonté – ou de la nécessité.

Ce qui a frappé, ce qu’on sentait dans l’air, c’est un bouillonnement de volontés, d’énergies, une impression que quelque chose était en train de se passer. Anne Mahrer, ancienne conseillère nationale genevoise, coprésidente des «Aînées pour la protection du climat» qui ont entrepris une démarche judicaire pour contraindre le Conseil fédéral à faire plus en la matière, a parlé des «vagues qui doivent devenir une déferlante».

Au chapitre des anecdotes, Martine Rebetez raconte: «Une étudiante d’Yverdon est venue me parler des possibilités d’études pour contribuer à l’amélioration du climat. Elle m’a dit avoir rencontré dans le métro une ‘Grand-maman pour le climat’ qui se rendait à la soirée. Ni une ni deux, la jeune femme a décidé de venir aussi!»

Cette manifestation a été de nature à encourager l’action en faveur du climat et c’est très bien. Mais les réticences, atermoiements, voire blocages – le climato-scepticisme en un mot –, sont loin de n’être plus qu’une donnée historique. Pour finir, ce mot d’un participant: «Une hirondelle ne fait pas le printemps, on le sait bien, mais c’était une belle hirondelle!».

Notes[+]

Jean Martin est ancien médecin cantonal vaudois et membre de GPclimat, www.gpclimat.ch/fr/

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