Édito

La porte ouverte aux abus

La porte ouverte aux abus
Selon les derniers sondages, 58% des votants rejetteraient l'initiative lancée par l'UDC. KEYSTONE/IMAGE D'ILLUSTRATION
Votations fédérales

L’initiative de l’UDC sur l’autodétermination (ou, selon sa seconde appellation, contre les juges étrangers) perd du terrain. Selon les derniers sondages, 58% des votants la rejetteraient. Une bonne nouvelle, tant ce projet est problématique et dangereux. Une fois de plus, la fine équipe blochérienne a pondu un texte à géométrie variable et dont l’impact est difficile à jauger.

Selon l’UDC, rien n’obligerait la Suisse à dénoncer la Convention européenne des droits humains (CEDH). Cela n’est effectivement pas stipulé en toutes lettres, mais découle logiquement du texte. A terme, si la Suisse s’obstinait à ne pas respecter le cadre de la CEDH, un couperait tomberait immanquablement.

Ce double langage est habituel chez l’extrême droite suisse, selon laquelle l’initiative sur l’immigration de masse n’était pas contraire aux accords bilatéraux avec l’Union européenne. Une fois le texte approuvé, l’UDC n’a eu de cesse de s’indigner des tentatives pour le rendre compatible avec cet édifice, en exigeant la fin de la libre circulation… tout en se gardant de lancer un référendum. Un discours politique peu clair et illisible, qui fait les délices d’une galaxie politique prospérant sur l’approximation, le slogan facile et les boucs émissaires.

Ne soyons donc pas dupes. Ce rideau de fumée masque une attaque frontale contre les droits démocratiques. Ceux-là mêmes qui protègent le faible contre le fort. C’est bien le mécanisme de garantie des droits fondamentaux qui est menacé par un parti virtuose en manipulations.

Ce qui nous est présenté comme un contrôle de son propre destin n’est rien d’autre qu’un repli identitaire, et la porte ouverte aux abus en tous genres au détriment des faibles et des minorités, cibles commodes dans la chasse aux droits démocratiques organisée par l’extrême droite.

On relèvera que cette dernière a réussi à convaincre quelques brebis égarées à gauche, qui voient dans ce texte un rempart contre les projets d’accords de libre-échange. Il s’agit d’un leurre. D’abord parce que ces grands accords sont soumis au référendum facultatif, ensuite car ils ne déplaisent pas à ces milieux acquis à la religion des marchés.

Ce qui devrait mettre la puce à l’oreille de cette gauche heureusement groupusculaire, c’est que la voie proposée par l’UDC est celle empruntée par Poutine, qui sacralise la Constitution russe et a annoncé que des arrêts de la CEDH contraires à cette charte ne seraient pas appliqués. Les grands esprits se rencontrent.

Opinions Suisse Édito Philippe Bach Votations fédérales

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Votations fédérales du 25 novembre 2018

samedi 10 novembre 2018
Trois objets sont soumis au peuple suisse: l’initiative pour la dignité des animaux de rentes agricoles, l’initiative «Le droit suisse au lieu de juges étrangers», ainsi que la modification de la Loi...

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