La trahison des chefs
La critique de «Farenheit 11/9» par Olivier Wyser dans Le Courrier du 25 octobre n’incite guère à voir ce film. Et pourtant, si ce film n’est pas un chef-d’œuvre, il surprend par sa forme et par son contenu. Un style chaotique pour une Amérique chaotique. Gwen Stefani illustre la dérision: un individu prêt à tout pour épingler le titre suprême au revers de ses impeccables vestons enfilés pour passer d’un court de golf à l’autre. Mais contrairement à beaucoup de politiciens, Trump tient ses promesses: les marchands d’armes, les financiers et les évangélistes sont comblés.
Et Moore est lucide, ce chaos résulte pour beaucoup de l’incurie et des manœuvres tordues des responsables démocrates, plus proches du monde de la finance que de celles et ceux qui triment. Moore insiste sur le traitement indigne infligé à Sanders et à sa cause par les gens de «son bord». Cupidité, recherche effrénée des honneurs et du paraître entraînent la trahison des chefs. Pour cela le film devrait être vu par un large public, en particulier celui qui se dit de gauche.
Cornelia Ribeaud,Delémont