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Démission!

Démission!
Le conseiller d'Etat Pierre Maudet à l'issue de la présentation du projet de budget 2019 de l'Etat, lors d'une conférence de presse du Conseil d'Etat genevois in corpore, le 14 septembre 2018. KEYSTONE/Salvatore Di Nolfi
Affaire Maudet

Trop, c’est trop. En plus de l’anniversaire privé de Pierre Maudet, payé par l’un de ses amis et organisateurs du fameux voyage à Abu Dhabi en 2015, voilà que son autre anniversaire, couplé au lancement de campagne, aurait été offert par le directeur de Manotel. Une partie du gratin genevois avait alors été invité. L’Escobar avait reçu une autorisation d’exploiter directement grâce à l’intervention du conseiller d’Etat. Quel(s) avantage(s) pour Manotel? A la justice, aux journalistes d’investiguer. Ces fêtes financées par des tiers font partie du complexe puzzle du voyage du magistrat PLR à Abu Dhabi, payé par la maison princière elle-même, donc par un Etat étranger. Là, les soupçons de retour d’ascenseur portent sur le mandat aéroportuaire donné à l’entreprise émiratie d’assistance au sol Dnata, pièce maîtresse du business de matière précieuses et de joaillerie entre le Golfe et la Suisse.

Rappelons-le: Pierre Maudet a menti à propos de la nature de ce voyage. Un mensonge construit et assumé sans sourciller face aux journalistes, à la justice, au Conseil d’Etat, au Grand Conseil, à son parti et à ses amis. Mais ce n’était pas tout. Pierre Maudet a aussi, avec d’autres caciques radicaux, planté un poignard dans le dos des cousins libéraux en planquant une confortable cagnotte qu’il ne s’est pas privé d’utiliser. Dans ce feuilleton, le public découvre encore ce que les journalistes savaient depuis longtemps: les incroyables pressions du magistrat ou de son cercle sur les médias. Docile, la RTS, chaîne de service public, vient ainsi de museler l’enquêtrice qui avait révélé certains volets de l’affaire Maudet.

Alors certes, l’élu, prévenu d’acceptation d’un avantage, est présumé innocent. Pourtant, même si la justice devait s’avérer clémente, son crédit politique, moral, éthique est réduit à néant. L’ancien M. Propre, ou supposé comme tel, est un dirigeant qui s’est mis en situation d’être potentiellement sous influence. Il a sali et continue de salir Genève et ses institutions, ainsi que sa propre famille politique, tout en mettant à mal le fonctionnement du Conseil d’Etat et donc de la République. Mais on a échappé au pire: il aurait pu être conseiller fédéral!

Pour rappel, celui qu’il a remplacé, le PLR Mark Muller, n’avait mis que quelques jours à démissionner. Il avait menti dans une affaire de bagarre pour laquelle il n’avait même pas été mis en prévention. M. Maudet s’accroche-t-il au pouvoir pour se garantir une retraite complète? Compte-t-il encore sur l’immense popularité qui l’a conduit au pouvoir et sur l’aveuglement de ses soutiens? Qui croit encore qu’il fait passer le bien de la collectivité publique avant ses ambitions et sa carrière?

Droit de réponse

Le 11 novembre, la rédaction du Courrier a publié un éditorial et un article respectivement intitulés «Démission!» et «Enquêtrice sur la touche». Le conseiller d’Etat Pierre Maudet, par l’intermédiaire de l’étude d’avocat de Nicolas Capt, y réagit.

«Ces articles comprennent des faits faux et attentatoires à ma personnalité.

Ainsi, vous prétendez, dans les deux articles précités, que j’aurais, avec mon ‘cercle’, exercé des ‘incroyables pressions’ sur la rédaction de la Radio télévision suisse (RTS).

En réalité, il n’y a pas eu la moindre pression exercée, ni par moi, ni par mes proches ou mandataires.

Je me suis limité à adresser une demande de correctif à la RTS concernant un sujet de Madame Laetitia Guinand diffusée lors de l’émission Forum du 18 septembre 2018, laquelle s’est poursuivie en un échange vif mais cordial avec le rédacteur en chef de l’Actu, ce dernier admettant un manquement de leur part, soit d’avoir omis de prendre contact avec moi avant l’émission.

Quant à l’intervention de Monsieur Eric Benjamin, je n’en suis pas à l’origine et votre article lui-même confirme, par la voix du Comité régional RTSR, que cette démarche n’était ni inusuelle ni inappropriée.

Il n’y a donc eu, en résumé, aucune pression de ma part sur quelque journaliste ou rédaction que ce soit.

Par ailleurs, vous indiquez, à tort, qu’une plainte aurait été en partie retoquée, alors qu’il ne s’agit, à ce jour que d’une réclamation LRTV. Au vu des conclusions du médiateur, lequel soutient en partie ma démarche, une plainte à l’AIEP sera prochainement déposée.

Enfin, la réclamation précitée n’a pas été déposée auprès de l’organe de médiation de la RTS mais bien auprès de celui de la SRF.»

Pierre Maudet

La rédaction maintient l’article et l’éditorial, tels que publiés.

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