Ce dimanche, les Suisses votent pour doter la Confédération de compétences en matière de pistes cyclables. On est du reste étonné que ce ne soit pas encore le cas. Ce rôle restera d’ailleurs extrêmement modeste par rapport à celui des cantons ou des municipalités.

Seule l’Union démocratique du centre a joué au Schtroumpf grognon et refuse l’ajout de l’article 88 à la Constitution fédérale qui lui confère ce pouvoir. Et encore, elle a été incapable de mettre sur pied un comité d’opposants! En face, du côté des partisans du principe de laisser un rôle de coordinateur et de centre de recherches en matière de vélo à la Confédération, on trouve tout le reste du spectre politique. Et même les frères ennemis en matière de transport que sont le TCS (Touring club suisse) et l’ATE (Association transports et environnement). Il faut dire qu’il est difficilement défendable de doter la Confédération de missions en matière de sentiers pédestres et de lui refuser tout rôle au niveau des deux-roues.

Le seul défaut de cet arrêté fédéral mis en votation, c’est sa timidité. Car le vélo reste l’enfant du placard de la politique de mobilité: il serait temps d’obliger les bailleurs – en tous cas dans les grandes villes – à prévoir de vrais locaux à vélos protégés; d’augmenter le nombre de places de parc; de prévenir le vol et de démanteler les filières permettant d’écouler les bicyclettes volées.

Et surtout, on assiste à un boom de ce mode de transport à la suite de la démocratisation du vélo électrique. Ce type de déplacement est de plus en plus choisi comme alternative au scooter ou à la voiture. Cela pose des problèmes de coexistence sur les espaces chichement comptés pour cette mobilité douce. Permettre à la Confédération de jouer un rôle de coordinateur et de proposition dans ce domaine évitera une cacophonie annoncée.

Enfin, sur le plan politique, une acceptation large ce week-end aurait un immense avantage: obliger les autorités à aller de l’avant. De trop nombreuses occasions pour faciliter la vie des cyclistes dans le trafic ont été galvaudées ces dernières années. Ainsi, songeons au criminel réaménagement du pourtour de la plaine de Plainpalais, à Genève, en plein quartier estudiantin, lors de l’implantation du tram, où le vélo a été sacrifié – illégalement – par des technocrates vendus au lobby de la voiture. Si l’œil de Berne rappelle à l’ordre les cantons qui peinent à prendre au sérieux le vélo et à arbitrer en sa faveur, cela sera toujours ça de gagné.