Le pape montre son vrai visage
C’est une nouvelle fois à bord d’un avion que le pape a lâché une petite «bombe» concernant sa vision de l’homosexualité. En rentrant d’Irlande dimanche, François a recommandé le recours à la psychiatrie lorsque des parents constatent des tendances homosexuelles chez leurs enfants mineurs. De quoi faire bondir les défenseurs des droits LGBT, qui dénoncent des propos choquants et irresponsables, renvoyant à l’idée que l’homosexualité serait une maladie.
Simple dérapage ou révélation de la vision réelle d’un pape qui s’est construit depuis sa nomination une image progressiste, rompant avec celle de Benoît XVI? François avait notamment étonné le monde en 2013, en lançant: «Si une personne est homosexuelle, cherche Dieu et est de bonne volonté, qui suis-je pour la juger?» Cette «ouverture» avait été largement saluée par la presse et une partie de la société occidentale. Pourtant, trois ans auparavant, alors archevêque de Buenos Aires, Jorge Bergoglio n’avait pas hésité à taxer la loi argentine ouvrant le mariage aux personnes du même sexe «d’invitation du démon» et de «prétention de détruire l’œuvre de Dieu».
Ces déclarations, qui peuvent paraître contradictoires, sont en fait assez cohérentes avec la vision défendue par le pape, et plus largement par l’Eglise catholique: il faut être tolérant avec les homosexuels, ne pas les rejeter; mais hors de question qu’ils vivent pleinement leur vie. Contrairement aux couples mariés formés d’un homme et d’une femme, qui, eux, «ont reçu le mandat [de Dieu] de se multiplier et de dominer la Terre», selon les propres termes du prélat argentin. Avant lui, Jean-Paul II avait déjà reconnu la dignité et les droits des homosexuels, mais l’institution continue de condamner fermement l’acte. Et donc de vivre son homosexualité.
Empêtré dans une intense controverse sur sa gestion de la pédophilie au sein de l’Eglise, François – brillant communicateur, il ne faut pas l’oublier – a probablement voulu rappeler aux courants conservateurs son alignement sur la doctrine. Et allumer un contre-feu?
En pointant les mineurs, le pape laisse aussi entendre, de manière inacceptable, que l’homosexualité, si elle est «prise en charge assez tôt», peut être «corrigée». Une position ouvertement défendue par de nombreux prêtres, dont l’évêque de Sion, Jean-Marie Lovey. Mais pas seulement: des Eglises évangéliques proposent elles aussi des «guérisons». Tout comme un homéopathe vaudois…
Car il faut regarder la réalité en face. Même si les droits des homosexuels avancent dans de nombreux pays, la plupart des religions rejettent toujours l’homosexualité. Et l’homophobie reste profondément ancrée dans bien des pans de la société.