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La rentrée scolaire de Titeuf (Teuf Teuf=

L'Impoligraphe

Dans trois semaines, c’est la rentrée scolaire. A Genève (la Ville…), les familles les moins friquées (2571 familles en 2016, pour 3838 enfants) reçoivent une allocation de rentrée scolaire (130 francs par an par enfant à l’école primaire, 180 francs par enfant au Cycle d’orientation). La droite n’en voulait pas, la gauche l’avait imposée, la droite, donc, la sabote. Pas glorieux, mais logique. Jusqu’à présent, cette allocation était versée sous forme monétaire, par virement bancaire ou postal. La droite municipale, qui a toujours eu cette mesure dans le collimateur, a tenté de la supprimer, puis de la réduire, puis de réduire la ligne budgétaire la finançant. Faute d’y arriver, elle a décidé de la faire distribuer sous forme de bons valables chez les commerçants de la Ville de Genève qui condescendent à les accepter. Au Conseil municipal, une majorité formée des élus du PDC, du PLR, de l’UDC et du MCG a réussi à imposer cette réduction d’une allocation en aumône. Manque de pot, la méthode choisie (les bons valables seulement dans des commerces de la Ville) ne pouvait être appliquée: de l’avis de la Commission de la concurrence (COMCO), la restriction aux commerces de la Ville de Genève de la validité des bons (ou des cartes) que le Conseil municipal avait décidé de substituer aux versements était contraire au droit fédéral. Du coup, le prétexte du soutien aux commerces genevois, allégué par les auteurs de la modification du règlement relatif aux aides financières du service social, se retrouvait dissous dans sa propre insignifiance. Il ne restait donc comme motivation de cette modification que celle de bien faire comprendre aux bénéficiaires de ces aides en quel mépris on les tient.

Le Conseil administratif (de gauche) s’est hélas senti tenu de concrétiser le vœu de la majorité (de droite) du Conseil municipal et a accepté de mettre tout de même sur pied ce qui tient à la fois de l’usine à gaz et de la stigmatisation sociale: des «cartes électroniques de dépenses» (des sortes de cartes cadeau) valables dans un «réseau de commerces partenaires», réseau qui ne pourrait comprendre l’ensemble des commerces de la Ville (il ne comprend en fait qu’une vingtaine de commerces, dont la Migros et Manor, dont on ignorait qu’il était nécessaire de les soutenir) mais imposera une charge administrative et bureaucratique, et donc des dépenses, parfaitement inutiles et inefficaces, confinant même à l’absurdité.

Il ne nous reste donc qu’à trouver le moyen d’en revenir au système simple, efficace, rationnel, qui était en vigueur avant l’introduction du système des bons du mépris social: l’allocation de rentrée scolaire est une allocation sociale, qui doit être versée à ses ayants droit comme les autres allocations sociales (et comme nos propres jetons de présence de conseillers municipaux): sur un compte en banque ou un compte postal.

En attendant, pour ne pas donner l’impression (pourtant pas injustifiée) de distribuer des «cartes de pauvres», la Ville les a fait dessiner par Zep, histoire d’en faire une «carte Titeuf».

Mais non, mais non, c’est pas hypocrite.

Bonne rentrée, les petites gens.

*Conseiller municipal carrément socialiste en Ville de Genève

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lundi 8 janvier 2018

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