Le mariage civil pour tous et toutes bientôt en Suisse? La commission des affaires juridiques du Conseil national a décidé vendredi d’entrer en matière, donnant suite à une initiative parlementaire visant à l’instaurer. Dit comme cela, c’est une excellente nouvelle. Il s’agit d’un principe d’égalité. Et dans ce domaine, comme dans de nombreuses autres thématiques sociétales, la loi suisse est à la traîne.

Sauf que les membres de ladite commission préconisent une version «light» du mariage pour les conjoints homosexuels. Au lieu de proposer l’ensemble des mêmes droits dont bénéficient les couples hétéros, le texte qu’ils portent exclut l’accès des marié-e-s du même genre à la rente du conjoint survivant et à la procréation médicalement assistée. C’est à déplorer. Et d’autant plus absurde que les couples enregistrés peuvent déjà, depuis le début de l’année, adopter l’enfant de leur partenaire.

La raison avancée? Procéder «par étapes» pour convaincre un grand nombre de parlementaires nationaux et de sénateurs de se rallier au projet. Soit. Au pays du consensus et du droit de référendum, l’élaboration d’une loi se fait en cherchant les appuis les plus larges possibles. Mais quitte à vider en partie le projet de son contenu? Non. Il n’y a aucun sens à élaborer une loi visant à l’égalité de traitement, tout en maintenant des discriminations. Et ce d’autant plus qu’un saucissonnage des droits repoussera aux calendes grecques l’adoption des points écartés dans la première mouture.

Plusieurs sondages publiés en 2015 et 2016 avaient pourtant déjà relevé que les Helvètes étaient largement favorables au droit au mariage civil pour les couples du même sexe. Bref, une fois de plus, les élus de Berne prouvent qu’ils sont beaucoup plus conservateurs – pour ne pas dire rétrogrades – que la population sur les questions de société (congés parentaux, égalité salariale, service civil, etc.).