Édito

Lassant crédo antifemmes

Lassant crédo antifemmes
Manifestation contre la réforme de l'AVS en 2015. KEYSTONE/ARCHIVES
AVS

Le Conseil fédéral, par la voix d’Alain Berset, est revenu jeudi à la charge. Les femmes sont priées de travailler une année de plus jusqu’à 65 ans. La réforme de l’AVS mise en consultation prévoit, une nouvelle fois, un alignement vers le haut de l’âge de la retraite. Le reste n’est que poudre aux yeux.

Plus de la moitié des Suisses partent à la retraite avant 65 ans. Et pas pour des raisons choisies. Entre les mises à la retraite anticipée, le chômage des seniors et les burn-out, l’année supplémentaire équivaudra surtout à une perte au niveau du montant des rentes servies vu l’allongement de la durée de cotisation. Et l’argument de la retraite flexible qui permettrait de pallier ce relèvement ne concerne que les gros revenus: des récentes statistiques fédérales l’ont mis en évidence.

Et surtout, tant pis si les Suisses viennent de voter sur cette question en septembre dernier, avec un rejet de Prévoyance vieillesse 2020. Le peuple, on le sait, est irrationnel. Il a mal compris. Il suffit de lui réexpliquer patiemment toutes les bonnes raisons justifiant de faire porter aux femmes la charge du rééquilibrage du système de prévoyance.

On est a peine étonné. La manière dont les Chambres fédérales et leur bras armé, l’exécutif suisse, sont coupés de certaines réalités politiques et sociales est patente. Il suffit de voir les récentes discussions sur l’égalité salariale ou le congé paternité pour être fixé. Cette clique de mâles, blancs et hétérosexuels vit dans une dimension parallèle, faite de provocations perpétuelles. Un congé paternité? «Yaka» couper le congé maternité en deux et en faire un congé parental, propose, finaud, le Parti libéral-radical.

La seule bonne nouvelle c’est que cette stratégie de la tension – la Suisse a davantage de points communs avec Donald Trump qu’elle n’est prête à l’admettre – finit par lasser. Les rendez-vous sont pris: le 22 septembre avec la grande manifestation pour l’égalité salariale; et le 14 juin 2019 pourrait bien voir une nouvelle grève des femmes.

Soyons optimistes. In fine, les provocations permanentes du bloc bourgeois auront peut-être du bon. Elles rendent indispensable la construction d’un mouvement social à même de faire ravaler sa morgue et son arrogance à ces porteurs d’eau des intérêts dominants. Mais cela n’excuse rien.

Opinions Édito Philippe Bach AVS Femmes Égalité

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