Les tracasseries des caisses-maladie doivent cesser
La cheffe de la plus grande caisse-maladie de Suisse, la CSS, proposait au mois d’avril une franchise de 10 000 francs pour tout le monde. Selon elle, le système de santé a besoin de nouvelles idées…, ce qui est urgent en raison de l’«explosion des coûts» qui le frappe. Pour se situer par rapport à cette «piste de réflexion», rappelons qu’actuellement, 3400 francs sont dépensés par personne chaque année dans l’assurance de base sociale. Une franchise de 10 000 francs reviendrait donc à une «triple» suppression de celle-ci. La stratégie qui sous-tend cette proposition est la suivante: une fois que l’indignation de la population se sera calmée, il restera sans doute quelque chose de cette proposition absurde qui pourrait, par exemple, aider les interventions visant une plus grande participation des assuré-e-s aux coûts de santé encore pendantes au Parlement1>Cf. Reto Wyss, «Non à une plus grande participation aux coûts dans le domaine de la santé!», USS, 28.03.2018, bit.ly/2JzIZvf. à passer la rampe.
Mais les caisses-maladie ne font pas seulement parler politiquement d’elles en avançant des propositions de marché radicales, elles créent sans cesse un malaise même avec leurs activités centrales. Voyons-en ci-après les mauvais exemples les plus récents.
• La caisse-maladie Sympany essaie, au moyen d’un «truc» au niveau de ses remboursements, de dégoûter ses assuré-e-s, comme en a parlé la télévision suisse alémanique2>Cf. Yvonne Hafner, «Krankenkasse schickt Rückzahlung via teure Checks», SRF, 28.04.2018, bit.ly/2LuS2ei. Elle effectue ces remboursements à l’aide de chèques postaux frappés d’une taxe de 20 francs, entièrement à la charge de l’assuré-e.
• La Swica et d’autres misent, sans avertir les gens ni leur poser la question, sur des traqueurs de profils3>Cf. Christine Talos, «Les caisses-maladie espionnent leurs clients», Le Matin, 30.04.2018, bit.ly/2sIULcg. Grâce à eux, elles peuvent par exemple s’adresser à des client-e-s de manière ciblée via des données de Facebook.
• Helsana et d’autres proposent des applications4>Cf. ATS, «Helsana Assurances complémentaires épinglée sur la protection des données», RTS, 27.04.2018. avec lesquelles, par exemple, des rabais de primes peuvent être récoltés d’une manière ludique à travers une activité sportive. Le paiement se fait ici avec des données. Le préposé fédéral à la protection des données a rappelé la caisse à l’ordre, en raison de l’usage qu’elle fait de ces données. Cela n’a pas impressionné cette dernière qui continue à faire de la pub pour son application, violant toujours, de ce fait, le principe de l’égalité des primes dans l’assurance de base.
• L’ÖKK a atteint pour sa part un triste sommet5>Cf. «On lui refuse le traitement, il finit par mourir du sida» en refusant à un assuré séropositif de lui payer les médicaments dont il avait besoin. Il est finalement mort du SIDA!
La cheffe de la CSS a raison. Il faut en effet lancer de nouvelles idées. Mais cela en mettant enfin au pas les caisses-maladie. L’assurance-maladie sociale garantit de par la loi un accès non discriminatoire aux soins médicaux de base. Mais la gestion administrative de l’assurance est une affaire ennuyeuse. Elle consiste à recevoir des factures, à les contrôler et à payer, selon la loi. Telle est, ni plus ni moins, la tâche des caisses-maladie.
Actuellement, deux initiatives populaires se trouvent au stade de la récolte des signatures. L’initiative pour des primes plus justes: «Assurance-maladie. Pour une liberté d’organisation des cantons»6>https://primesplusjustes.ch/ veut permettre à ces derniers de fixer eux-mêmes les primes et de financer les coûts. L’exécution des tâches administratives serait commandée aux assureurs et contrôlée en conséquence. L’initiative «Pour un Parlement indépendant des caisses-maladie»7>https://stop-lobby-assureurs.ch/ demande que les membres du Parlement ne puissent pas siéger dans l’organe de direction ou de surveillance d’une caisse-maladie. Ces initiatives sont plus qu’une réflexion. Mais il n’en reste pas moins encore beaucoup à faire pour garantir une couverture médicale de haute qualité pour tout le monde et des bonnes conditions de travail.
Notes
Secrétaire central de l’Union syndicale suisse (USS).