Née à Marseille, Nathalie Hei-nich est directrice de recherche au CNRS, membre du Centre de recherches sur les arts et le langage de l’Ecole des hautes études en sciences sociales de Paris et membre associée au Laboratoire d’anthropologie et d’histoire sur l’institution de la culture (CNRS, Ministère de la Culture, EHESS).

Titulaire d’un doctorat consacré à l’histoire sociale de la notion d’artiste, elle s’est spécialisée dans la sociologie des pro-fessions artistiques et des pratiques culturelles (identité d’artiste, statut d’auteur, publics de musées, perception esthétique, etc.), tout en développant une réflexion sur les crises d’identité (témoignages de déportation, accession à la notoriété, construction fictionnelle des modèles identitaires, etc.), sur l’épistémologie des sciences sociales (Elias, Bourdieu, la sociologie de l’art, etc.) et sur la sociologie des valeurs.

Ex-vice-présidente du Comité de recherches en sociologie de l’art de l’Association internationale des sociologues de langue française, Nathalie Heinich est également membre du comité éditorial des revues Sociologie de l’art et Music and Arts in Action. Elle a obtenu la chaire de sociologie de l’art de la Fondation Boekman à l’université d’Amsterdam et la chaire Jacques Leclercq de l’université de Louvain-la-neuve.

Outre de nombreux articles dans des revues scientifiques ou culturelles, elle a publié une trentaine d’ouvrages portant sur le statut d’artiste et la notion d’auteur, l’art contemporain, la question de l’identité, le rapport aux valeurs, ainsi que l’histoire de la sociologie.

Depuis quelques temps, la sociologue est au cœur de plusieurs polémiques dont une relative à ses considérations critiques sur le «mariage pour tous» et une autre tenant à la distance prise avec les épigones de la sociologie bourdieusienne (ou bourdivine, c’est selon!). La rencontre, sans doute, permettra-t-elle d’aborder ces points.

Mouvement d’action culturelle, artistique et citoyenne, La Marmite double cet événement public d’une intervention «souterraine». Elle invite en effet des groupes sociaux à s’emparer des mêmes sujets que ses intellectuels invités et à nourrir leurs représentations par un programme de sorties culturelles.

Ainsi, la venue de Nathalie Heinich sera l’occasion – cette fois – de voir des personnes des troisième et quatrième âges (issues de Cité Seniors) réfléchir sur les notions de valeur, de don, d’utilité et d’inutilité. Pour affûter ses points de vue, ledit groupe suit donc une forme de pérégrination culturelle: il a assisté déjà à une pièce de danse contemporaine du chorégraphe genevois Foofwa d’Immobilité, Unitile (dernier opus d’une trilogie interrogeant utilité et inutilité, organisé à l’ADC à l’initiative de la Comédie de Genève), visité l’exposition du MAMCO sur le courant situationniste et la revue lettriste Potlach; il visionnera le film Zelig de Woody Allen sur le relativisme des valeurs – un film d’ailleurs cité dans le dernier essai de Nathalie Heinich – et rencontrera cette dernière dans un moment privé, peu avant la rencontre publique de ce jeudi.

La modération de l’échange public sera assurée par l’auteure et universitaire Sylviane Dupuis et agrémentée de deux lectures par la comédienne biennoise Nicole Bachmann.