Édito

Tarnac: condamner coûte que coûte

Tarnac: condamner coûte que coûte
Le 11 novembre 2008, arrestation d'une dizaine de membres d’une communauté libertaire dans le village de Tarnac. « Tarnac, quand tout déraille » d’IVAN BUTEL/capture d’écran
France

C’est l’épilogue d’un cirque politico-judiciaire ultramédiatisé qui s’ouvre aujourd’hui à Paris. Le procès de l’affaire dite «de Tarnac» débute en effet ce mardi, près de dix ans après les faits. Huit personnes vont comparaître jusqu’au 30 mars, pour des charges allant de la «dégradation d’un bien appartenant à autrui» au «refus de se soumettre au prélèvement biologique», en passant par l’«association de malfaiteurs».

Concrètement, les principaux prévenus sont accusés d’avoir saboté des lignes TGV, en novembre 2008, en plaçant des crochets en fer sur les caténaires. Le qualificatif initial de «terrorisme» a été rejeté par la Cour de cassation en 2017, marquant le point d’orgue du fiasco qu’a été cette instruction politiquement téléguidée.

Très rapidement, l’emphase avec laquelle le gouvernement Sarkozy et ses services de renseignement ont présenté comme de dangereux terroristes de jeunes gauchistes vivant en communauté dans un petit village du centre de la France a été contredite par la vacuité du dossier d’accusation. Celui-ci contient en effet des dizaines de milliers de pages, mais pas de preuves.

Libération avait alors même ironisé en titrant en une «Le Coupat idéal», jouant ainsi avec le nom de celui que procureur et policiers ont présenté comme le chef, voire le gourou, d’un groupuscule anarchiste assoiffé de sang. Pire encore: le seul «témoin» de l’affaire a reconnu devant des caméras ne pas savoir ce qu’il avait signé.

Malgré l’échec cuisant de cette tentative de constitution d’un ennemi intérieur pour justifier une politique répressive, les renseignements et une partie de la justice française se sont accrochés. Au lieu d’arrêter les frais, d’enterrer comptes rendus, témoignages et faits manipulés, ils semblent prêts à tout pour tenter de ne pas perdre complètement la face, en obtenant n’importe quelle condamnation. Coûte que coûte.

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