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Sabotage

Franceline James adresse une lettre au DFAE (Département fédéral des affaires étrangères) qui concerne l’ambassade suisse au Ghana.
Visa

Monsieur le Conseiller fédéral,

Je vous écris en tant que présidente de l’association Collectif PUCK, troupe de théâtre indépendante, pour vous faire part de mon indignation devant l’inqualifiable attitude de l’ambassade suisse à Accra (Ghana).

Le Collectif PUCK, pour la reprise de son spectacle «Au-delà-des-Murs» du 21 au 24 février, engage le comédien Hyacinthe Brika Zougbo qui réside au Bénin. Celui-ci envoie sa demande de visa à Accra en décembre 2017, le visa lui est octroyé le 10 janvier. Hyacinthe se rend à Accra le 27 janvier pour aller le chercher.

Puis le système s’emballe bizarrement: délai pour l’obtention du visa Schengen (dix jours au lieu de deux autrefois), aller-retour du Ghana au Togo puis retour au Ghana, billet d’avion repoussé deux fois et pied de grue devant l’ambassade suisse à Accra, téléphones tous azimuts de son employeur suisse, informations contradictoires sur la procédure en cours avec pour seul message de l’ambassade: «Il faut attendre…». Mais de qui se moque-t-on?

Résultat des courses: l’employeur suisse de Hyacinthe a dû payer pour son entretien et ses déplacements répétés d’un pays à l’autre en plus de son billet d’avion (1700 francs au lieu des 900 francs prévus), son remplacement pour le rôle qu’il devait jouer dans le spectacle (500 francs), sans compter le travail de préparation du comédien sur son rôle, que lui doit le Collectif. Tout ça est évidemment exorbitant pour une petite compagnie comme le Collectif PUCK. A la date où commencent les représentations, Hyacinthe est toujours en Afrique…

Je suis outrée et révoltée: les autorités suisses mettent des bâtons dans les roues à une troupe de jeunes comédiens talentueux, qui redonne un spectacle théâtralement très réussi, un spectacle engagé qui fait réfléchir les spectateurs aux rapports troubles entre nos pratiques de consommation (usage de téléphones portables nécessitant du coltan pour leur fabrication), et les producteurs de matières premières nécessaires à ces pratiques. Est-ce la raison cachée de ces tracasseries administratives paralysantes?

Monsieur le Conseiller fédéral, je vous prie donc de répondre à la question suivante: quelle est la justification d’une pareille attitude alors que le visa de Hyacinthe lui avait été octroyé dès le 10 janvier?

En tant que citoyenne suisse qui paie ses impôts, et en tant que présidente de l’association Collectif PUCK, je dénonce le double sabotage organisé par votre service à Accra: sabotage d’un service public de la Confédération quand il dysfonctionne aussi visiblement. Et sabotage d’un spectacle joué en Suisse, par une troupe suisse, quand celle-ci dénonce le scandale de l’extraction du coltan indispensable à la fabrication de nos téléphones portables.

L’inqualifiable attitude de l’ambassade suisse à Accra serait-elle liée à la dénonciation tellement juste des tragédies engendrées par les scandales économiques et politiques associés à ce commerce?

Veuillez agréer, Monsieur le Conseiller fédéral, mes salutations distinguées.

Franceline James, présidente de l’association Collectif PUCK

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