Chroniques

Descentes policières

Sans voix, ni droits

F. est une Erythréenne de 24 ans. Elle a fui son pays après deux ans de service militaire obligatoire au sein d’une prison d’Etat, dans le nord du pays. Elle a traversé le Soudan, la Libye et a pris un bateau pour rejoindre les côtes italiennes. En mer, son groupe a été pris en charge par un navire de sauvetage italien. Les autorités italiennes ont pris ses empreintes digitales sur le bateau, sans aucune explication. F. a en-suite traversé l’Italie en quatre jours et est arrivée en Suisse en juillet 2016. Elle y a rejoint son fiancé, au bénéfice d’un permis F de réfugié, qui habite dans le canton de Fribourg.

Après quelques mois, le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) a refusé d’examiner la demande d’asile de F.: en vertu des accords de Dublin, c’est l’Italie qui est responsable de sa demande puisque F. a été enregistrée là-bas. Le SEM a aussi refusé la demande de regroupement familial faite par son fiancé. Par-rainée et défendue par deux professeurs universitaires, Philippe et Helena Junod, F. lutte contre son ren-voi en Italie et les pressions constantes du Service de la population.

Le 14 février 2017, sur mandat du Service de la population vaudois (SPOP), trois policiers se rendent au domicile du couple pour emmener F. à la Justice de paix. Assignée à résidence, elle est obligée de se ren-dre au foyer de l’EVAM (Etablissement vaudois d’accueil des migrants) chaque soir de 22h à 7h du ma-tin. Un renvoi forcé vers l’Italie se prépare…

Après trois jours, le SPOP a levé l’assignation à résidence à la suite d’une erreur administrative. Le délai pour le transfert vers l’Italie est désormais échu. Après six mois de menaces et de pressions pour le renvoi en Italie, la demande d’asile de F. sera examinée en Suisse.


Rojda, une jeune Kurde arrivée en Suisse par l’Italie, a été, à près de 8 mois de grossesse, interpellée par la police dans le centre de requérants où elle résidait depuis plusieurs mois. Refusant de repartir dans un pays où elle n’avait trouvé ni nourriture, ni logement, ni soins, Rojda savait aussi que la Suisse ne voudrait pas d’elle, au nom d’un accord Dublin – dont elle avait entendu parler. Mais Rojda n’avait pas ima-giné que des policiers viendraient l’arrêter au centre alors qu’elle avait déposé un certificat médical attes-tant sa fragilité et sa difficulté à marcher.
Ni elle ni les amies qu’elle avait trouvées en Suisse ne pouvaient croire que ces policiers la suivraient jusqu’à la porte de l’hôpital où, alertée par des contractions, elle avait dû se rendre en urgence. Et pour-tant…

Appel d’elles en campagne

Le 8 mars prochain, le collectif Appel d’elles ira remettre au Conseil fédéral une requête pour la protection des femmes et des enfants qui demandent l’asile en Suisse. Jusqu’à cette date, vous pouvez signer l’appel sur le site www.appeldelles.ch

Le système actuel fait que les violences subies par les femmes ne sont pas prises en compte par les mécanismes de l’asile. Leurs droits élémentaires sont bafoués parce qu’on refuse de les entendre. Pour faire connaitre les situations de ces femmes, quelques-uns de leurs témoignages seront publiés en page Regards jusqu’au 8 mars. Nous vous invitons à les relayer à travers l’action «carte postale» en ligne sur le site du collectif.

Collectif Appel d’elles, www.appeldelles.ch
avec le soutien du Courrier.

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mardi 23 janvier 2018

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