Déni du Crédit Suisse
«Plus c’est gros, mieux ça passe» résume la stratégie de «communication» du Crédit Suisse à propos de son implication dans le projet contesté du pipeline DAPL à Standing Rock. Sans daigner répondre à la lettre remise par la délégation de «Protecteurs de l’eau» lors de leur séjour à Genève, il s’est quand même senti obligé de répondre à une cliente qui leur en a envoyé une copie.
Dans cette réponse, le Crédit Suisse persiste à prétendre qu’il «ne participe pas au financement du projet du Dakota Access Pipeline.». C’est jouer avec les mots. En effet, le Crédit Suisse n’a apparemment pas prêté de l’argent spécifiquement libellé pour le projet DAPL. Cependant, malgré les multiples illégalités et violations des droits humains constatées, le Crédit Suisse s’est à nouveau impliqué, début 2017, dans de nouveaux prêts aux entreprises réalisant le DAPL, et pour des sommes totalisant plusieurs milliards de dollars!
Lors de la rencontre au Crédit Suisse des Protecteurs de l’eau à laquelle j’ai pu assister, avec le chargé de «sustainability», M. Simon Stucheli, Mme Rachel Heaton a fait remarquer que cet argent mis librement à disposition de l’entreprise a ainsi pu financer les barbouzes engagés pour harceler et brutaliser des opposants non-violents. Waste Win Young, lui, a témoigné de comment ces nervis ont attaqué 71 femmes en prière sur un site sacré avec des chiens d’attaque. Plusieurs personnes ont été sérieusement blessées, dont une femme mordue au sein. Réaction glaçante de M. Stucheli: c’est l’entreprise qui serait éventuellement responsable, et non la banque qui la finance!
C’est le fond du positionnement de cette banque: elle ne fait aucun cas de l’éthique ou de la morale, ni même de la réalité des faits. Seul compte son éventuelle responsabilité légale – et ses profits. Rachel Heaton a bien fait de demander s’il y avait encore de l’or des nazis au sous-sol…
Ce cynisme implacable se retrouve plus généralement dans sa politique par rapport au changement climatique. En effet, lors de cette rencontre, M. Stucheli a aussi affirmé que le Crédit Suisse avait l’intention de financer les énergies fossiles «tant qu’il y aurait une demande pour ces produits»! Autrement dit, pour qu’ils arrêtent de financer la destruction de la planète, il faudra qu’on les y oblige.
La société civile continuera de s’y atteler!
Olivier de Marcellus, Breakfree Genève