Régression pour les plus vulnérables
Or donc, pour toute consultation d’un médecin de famille dépassant trente minutes ou pour tout travail un tant soit peu consommateur de temps en absence du patient, il faudra désormais une autorisation préalable de l’assurance. Finir sa vie chez soi plutôt que dans un lit d’hôpital, c’est le souhait de 80% des citoyens. Les soins palliatifs, applicables par un médecin de famille dans la majorité des cas, répondent à cette attente. Chacun imaginera sans difficulté que s’occuper d’un grand malade, dans une phase aussi critique de son existence, nécessite de la réactivité, de la disponibilité, une attention extrême au moindre signal, du travail d’écoute et beaucoup de communication, avec les proches et entre soignants.
Les limitations en voie d’être appliquées sont décourageantes, pour ne pas dire rédhibitoires, pour les médecins qui s’engagent encore dans de telles prises en charge. Les effets indirects de ces dispositions seront, il faut le craindre, le manque de motivation de la relève médicale pour de telles missions, la rétention de personnes en fin de vie dans les hôpitaux, voire un recours plus fréquent aux services d’Exit. Pour éviter cette régression dans les soins aux plus vulnérables, il est impérieux que les médecins, les assureurs, les hôpitaux et l’Etat, prévoient une clause d’exception par rapport à des limitations de temps résolument inapplicables dans de telles circonstances.
Dr Yves BEYELER, Thônex (GE), spécialiste FMH médecine Interne