Nyon ne peut refuser de faire preuve de solidarité cantonale. Sur la carte de répartition des structures de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM), le déséquilibre est frappant: sur la Côte, les lieux d’accueil sont sous-représentés et il n’existe aucun véritable foyer. Dans le district d’Aigle, les requérants représentent 1,91% de la population. Dans celui de Nyon, ils ne sont que 0,16%.

Actuellement, la majorité des 78 requérants d’asile de la ville de Nyon sont logés en abri PC, dans des conditions indignes dénoncées maintes fois par des collectifs de migrants. Avec le recul du nombre de requérants attribués au canton de Vaud et la politique proactive de l’EVAM pour trouver sans cesse de nouveaux hébergements, les abris PC ont heureusement tous fermé… Sauf celui de Nyon. La construction d’un véritable foyer d’accueil pour des familles et des célibataires sur une parcelle communale disponible devrait donc aller de soi.

Et pourtant, l’opposition est féroce. Après avoir réussi à faire voter un référendum spontané, l’UDC, sous l’égide du groupe «Accueil raisonnable», bat en brèche la perspective d’une telle structure à coups d’arguments d’une mauvaise foi crasse. Les chambres de deux ou trois lits, et les cuisines et sanitaires par étage ne «répondraient pas aux exigences d’un accueil digne»? C’est faire fi de la situation actuelle: un entassement des migrants dans des dortoirs de 20 personnes, sous terre.

L’opposition plaide pour un accueil en appartements, bien que cet objectif soit irréalisable; les requérants hébergés dans des logements individuels sont une minorité à Nyon, où les loyers sont généralement trop élevés pour les barèmes cantonaux. Et l’EVAM a besoin de foyers collectifs pour entourer au mieux ceux qui viennent d’arriver.

Sur les réseaux sociaux, les arguments titillent de bas instincts: une parcelle avec vue sur le lac attribuée à l’accueil des migrants? Prenez garde à la dévaluation immobilière, à l’insécurité, à la fuite des touristes… Avec ce débat sans filtres, les Nyonnais doivent faire preuve de sang-froid et garder l’essentiel à l’horizon: la votation concerne l’hébergement de 180 requérants dans une ville de 20 000 habitants. Dans les activités sociales et culturelles de la cité, ils ont montré à maintes reprises la richesse de l’échange et de l’accueil. La votation du 24 septembre leur donne l’occasion d’asseoir leur esprit d’ouverture et de donner un élan positif à leur ville.