PV 2020, le compte n’y est pas
Une nervosité certaine règne au sein de la gauche institutionnelle à l’approche du vote du 24 septembre. Les Suisses donneront leur avis sur la réforme Prévoyance vieillesse 2020 (PV 2020). Initialement présentée sous le sobriquet de «Paquet Berset», elle prévoit certaines améliorations – dont la plus notable est l’augmentation des rentes AVS de 70 francs par mois pour les nouveaux retraités. Mais aussi une régression de taille: l’âge de la retraite des femmes passerait de 64 à 65 ans!
Tout se passe comme si le PS, dont la direction soutient la réforme envers et contre tout, avait l’impression de jouer sa place au Conseil fédéral ou de partenaire fiable au sein du système politique fédéral. Ce qui est un peu court: admettons que les élus du bloc rose-vert-pdc aux Chambre se sont bien battus, arrachant certaines concessions. Reste qu’à l’arrivée, le compte n’y est pas. La question qui fâche doit pouvoir être posée: est-il acceptable d’augmenter l’âge de la retraite des femmes? La réponse est clairement non. Pour au moins deux raisons.
Les femmes assurent encore et toujours le gros des tâches ménagères, de l’éducation des enfants ou du soutien aux aînés, tâches non rémunérées qui représentent des milliards et maintiennent nombre d’entre elles dans des emplois à temps partiel, ce qui grève d’autant leurs retraites. Sans oublier l’inégalité salariale crasse qui se réduit à pas de fourmis.
Plus globalement, le plan Berset va à l’encontre de certains fondamentaux. Voyant la situation des cinquante ans et plus sur le marché du travail, l’année supplémentaire que l’on veut imposer à la moitié de notre population correspondra dans bien des cas à une année de chômage. Bloquant par ailleurs l’accès au marché du travail pour les jeunes. L’avenir est à la réduction du temps de travail, pas à son allongement.
Le tout au nom d’un hypothétique principe de réalisme: si ce n’est pas PV 2020 qui passe, ce sera pire, nous affirme-t-on. Cela illustre surtout un défaitisme de ceux qui nous assènent ces leçons, une incapacité à ouvrir le champ des possibles et à imaginer des luttes sur le terrain, hors du jeu institutionnel, là où pourtant se construisent les rapports sociaux.