Deux fois «non», quatre fois, huit fois…
Vingt millions de déficit dans le projet de budget 2018 de la Ville de Genève. Pour la droite élargie, voilà qui justifie par l’exemple ses coupes dans les deux précédents budgets. La population, qui avait une première fois annulé ces économies à l’occasion de deux référendums, se prononcera de nouveau le 24 septembre, sur quatre référendums cette fois. La somme est symbolique: 2,5 millions sont en jeu sur un ménage municipal de près de 1,2 milliard.
Le signal des urnes sera donc surtout politique. Or, année après année, les comptes sont positifs, démontrant l’inutilité d’une diminution des prestations. Cela pourrait changer, bien sûr, mais rien n’indique pour l’heure que les finances soient en roue libre. Quant à la conjoncture, il faudra l’évaluer sur quelques années avant de hurler à la catastrophe. En attendant, pourquoi sabrer des prestations dans le social ou la culture si ce n’est pour répondre à un programme politique?
Reste que le Conseil administratif est mal pris, lui qui, l’an passé, effectuait lui-même des coupes, refusées pour certaines en votation, afin d’atteindre un budget à l’équilibre. Il balayait alors d’un haussement d’épaules l’argument des comptes positifs venant de sa gauche.
Politiquement, présenter un projet à l’équilibre déjà en septembre, sachant que les prévisions d’octobre rebattent les cartes, était une façon d’amadouer la droite en prétendant l’avoir entendue. Il faut croire que l’exécutif a été sourd: la majorité de droite exige depuis le début de la législature 50 millions d’économies d’ici à 2020!
Pour la clarté du débat, il est assez sain que la cheffe des Finances, Sandrine Salerno, ne fasse plus mine de négocier, assumant que le blocage institutionnel et politique continuera. Cela donne l’image d’un exécutif peu responsable et sera reproché à la candidate au Conseil d’Etat. Mais à l’inverse, son camp ne lui pardonnerait pas de tailler à la hache dans les prestations. Par ailleurs, regardons le canton, pas franchement plus gouvernable que la Ville. Car le Conseil d’Etat à majorité de droite est lui aussi privé de majorité au parlement.
Demeure une inconnue, car la droite municipale conteste la tenue des scrutins du 24 septembre, en raison de la brochure de votation qualifiée de déséquilibrée. Que diront les juges? Le citoyen de bonne foi, lui, ne peut que reconnaître le manque de fair-play du Conseil administratif. I