Les fêtes de Calvin
Dimanche, la fondation Genève Tourisme et Congrès a tiré un bilan très positif des Fêtes de Genève. Seule ombre au tableau: le déficit prévu – un demi-million de francs – sera dépassé. Voilà qui s’ajoute aux 3,5 millions de pertes de l’édition de 2016. Les organisateurs avaient décidé de frapper fort pour répondre à la contrainte de Fêtes réduites de vingt-deux à dix jours, selon la volonté du gouvernement de la Ville de Genève. Un échec, donc.
Même revenue à un concept plus modeste, la manifestation ne parvient pas à l’équilibre en seulement dix jours. Genève Tourisme prévient: plus question de cumuler les déficits. Peut-être faudra-t-il revoir la programmation à la baisse. Tout reste suspendu à la votation de 2018.
Les citoyens pourraient alors limiter l’événement à une seule semaine, déplacer les manèges sur la plaine de Plainpalais et permettre un regard citoyen sur son organisation, comme le demande une initiative populaire lancée en réaction aux nuisances multiples qu’il engendre – visuelles, sonores, trafic… Sous cette pression, le Conseil municipal (à l’exception du MCG) est en passe d’adopter un contre-projet pour des Fêtes en dix jours.
Genève Tourisme prévient qu’elle tirera la prise si l’initiative devait l’emporter. Trop extrême, celle-ci tuerait en effet les Fêtes dans l’œuf… à moins que les autorités ne les subventionnent en monnaie sonnante et trébuchante. Un pas que la Ville ne veut surtout pas franchir.
Dans ce débat, où l’austérité calviniste des initiants semble avoir contaminé presque tout le spectre politique, l’idée de conserver les pré-Fêtes a été évacuée. A force de voir trop haut et trop grand, les nuisances étaient devenues insupportables et le concept, trop commercial, du grand n’importe quoi. Mais n’y a-t-il aucune créativité dans ce canton pour trouver une formule moins invasive tout en restant festive, permettant aux Genevois et aux touristes, trois semaines en été, de sortir et se divertir dans ce cadre exceptionnel? La piste: renforcer le concept de pré-Fêtes préservées des manèges et axées sur le public local.
Or, voilà en particulier une gauche qui se plaint de la raréfaction des lieux de sortie, mais est prête à brader deux semaines de manifestation sur l’une des plus magnifiques terrasses du monde. Trop beauf pour elle, les Fêtes de G’nève?
Quant au PLR, il s’indigne à raison que les manèges n’aient pu ouvrir légalement le 1er Août. Mais cette absurdité est cohérente avec le contre-projet, qui vise à limiter les «nuisances»… et que le PLR soutient!