Dernières minutes
Globalement, je suis d’accord avec la recension que fait votre journaliste Roderic Mounir du film Dunkerque (Le Courrier du vendredi 28 juillet). Il en souligne les réelles qualités, notamment de mise en scène et de réalisme, et en relève ce que d’aucuns considèrent comme des défauts: la quasi-absence des troupes françaises, qui pourtant ont «couvert» la retraite britannique, et la (trop?) grande pudeur du réalisateur, qui donne des morts un caractère un peu «soft». Je ne partage en revanche pas sa conclusion concernant les dernières minutes du film. Loin de les considérer comme superflues, j’estime qu’elles redonnent à cet épisode à la fois tragique et glorieux de la Seconde Guerre mondiale sa véritable dimension politico-militaire.
Churchill, dans son fameux discours, dit d’abord clairement qu’une évacuation n’est pas une victoire mais, même réussie, une défaite. Et il martèle la volonté inébranlable du gouvernement et du peuple britanniques de résister jusqu’au bout à la barbarie nazie. Cette volonté de résistance et ce patriotisme qui, dans le film comme dans la réalité de 1940, se sont incarnés dans ces centaines de bateaux de plaisance et de pêcheurs voguant jusqu’à Dunkerque pour en ramener les soldats britanniques acculés… puis des militaires français.