«Il n’y a rien à manger dans les camps»
La famine continue de sévir en Afrique de l’Est même si les médias ont cessé de s’y intéresser. Au Soudan du Sud, la guerre, la violence et la sécheresse ont jeté plus de 3 millions de personnes sur les routes. Près de 65 000 réfugiés ont passé la frontière et sont arrivés en République démocratique du Congo (RDC). C’est là que Caritas apporte son aide de survie. Une autre tâche prioritaire est de protéger les femmes et les enfants de la violence sexuelle.
Chaque jour, de nouveaux réfugiés, surtout des enfants et des femmes, arrivent en RDC. L’accueil des réfugiés du Soudan du Sud place les autorités congolaises devant un défi impossible. Il n’y a rien à manger dans les camps de réfugiés et les violences sexuelles ou autres envers les femmes et les enfants, aussi bien pendant leur fuite que dans le camp, sont monnaie courante.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU soutient les réfugiés en distribuant des denrées alimentaires. Mais cette aide ne couvre que le tiers des besoins réels. Caritas distribue pour sa part des denrées alimentaires supplémentaires à 2000 réfugiés pendant sept mois. Cette aide devrait permettre d’éviter que les réfugiés vendent les semences qu’ils ont reçues à leur arrivée au camp pour subvenir à leurs besoins. En effet, ce n’est que s’ils les utilisent effectivement pour leurs propres cultures qu’on peut espérer qu’ils pourront être autonomes un jour.
Le nombre élevé de réfugiés dans la région fait augmenter de manière dramatique les besoins en bois de cuisson. Les forêts avoisinantes sont déboisées. Les enfants et les femmes qui vont chercher le bois risquent d’être agressés sexuellement. Caritas offre à 650 familles réfugiées des cuisinières à bois écologiques consommant beaucoup moins de bois, simples d’utilisation et fabriqués à partir de matériaux locaux.
Des mesures de prévention contre la violence sexuelle font également partie du projet. Les études ont montré que plus de 70% des femmes et enfants qui ont fui le Soudan du Sud depuis le début du conflit ont été des victimes directes ou indirectes de violence sexuelle. L’hôpital local de Biringi est le premier point de soins pour les réfugiés qui ont subi des violences avant leur arrivée ou dans le camp.
Pour que les femmes et enfants victimes de violence soient correctement protégés dans le camp, le personnel de l’hôpital de Biringi est formé en gestion clinique pour un soutien psychosocial. Caritas Suisse apporte également une aide d’urgence aux victimes de la famine d’Afrique de l’Est au Soudan du Sud, en Ethiopie et au Somaliland.
* Responsable du département communication de Caritas Suisse. En savoir plus: www.caritas.ch/afrique