Sous-traitance à outrance
Une plainte pénale a été déposée, des salariés réclament leur dû aux Prud’hommes, une procédure arbitrale suit son cours, le syndicat a alerté l’opinion publique, les ouvriers ont fait grève et… il ne se passe toujours rien!
Au niveau politique, on a pourtant entendu tant le procureur général, Olivier Jornot, que le conseiller d’Etat en charge de l’économie genevoise, Pierre Maudet, vouloir faire de la lutte contre le travail au noir et les faillites frauduleuses un cheval de bataille. Alors, haro sur les patrons voyous? Pas vraiment.
Du côté de l’Ocirt, le gendarme des relations du travail dans le canton, c’est silence radio. L’entreprise incriminée n’est même pas sur la liste des sociétés radiées des marchés publics. Ses réticences à intervenir s’expliquent-elles par la présence de nombreux travailleurs sans statut légal dans la branche? Dans ce cas, espérons que l’opération Papyrus permette de résoudre un bout du problème.
Pour l’heure, l’exaspération prévaut sur le terrain, tant côté syndical que patronal. Les cas les plus révoltants concernent les faillites frauduleuses en cascade. Face à elles, les autorités se renvoient la balle ou avouent leur impuissance. Tandis que les grandes entreprises de la place jouent double jeu en se rendant complices de certains «moutons noirs». Quant à la responsabilité solidaire dont pourrait se prévaloir un employé vis-à-vis de l’entreprise principale, elle est si peu contraignante qu’elle en devient totalement hypothétique.
Et si les politiques prenaient leurs responsabilités pour faire le ménage, en commençant par mettre le nez dans le détail des chantiers où l’Etat est maître d’œuvre ou bailleur de fonds? Car pour des travaux devisés à 100 millions de francs, si l’entreprise générale mandatée sous-traite à des sociétés qui elles-mêmes paient leurs salariés en dessous des conventions collectives, la différence doit bien arriver dans les poches de quelqu’un. I