Pression constante sur le budget de la coopération
La bataille pour un budget adéquat de la coopération suisse au développement a franchi un nouveau cap. Le Conseil fédéral a annoncé pour février d’autres mesures d’économie dans les finances fédérales. Il va vraisemblablement publier les plans exacts après la votation sur la réforme de l’imposition des entreprises III, qui pourrait créer un trou d’un milliard dans le budget fédéral. Il est clair qu’une fois de plus, le Conseil fédéral planifie des coupes massives dans les dépenses de développement. Les mesures d’économie dans l’armée, l’agriculture et en partie aussi dans la formation ont été largement rejetées l’année passée au parlement.
Le montant des dépenses suisses de développement a aussi donné lieu l’année passée à une lutte serrée. A l’origine, le Conseil fédéral avait prévu d’augmenter le budget pour cet important poste de dépenses. Mais fin 2015, sous le titre «Programme de stabilisation 2017-2019», il a déjà annoncé un paquet d’économies qui imputait à la coopération au développement environ 25% du total des coupes envisagées. Lorsqu’en février 2016 il a publié son Message sur la coopération internationale de la Suisse 2017-2020, ces coupes y étaient déjà inscrites.
Ce message a donné lieu à des débats houleux au parlement. D’un côté, il s’agissait du cadre financier de la coopération internationale, de l’autre de son lien avec la politique migratoire de la Suisse. L’UDC et le PLR demandaient des coupes budgétaires nettement plus élevées que le Conseil fédéral et un déplacement de la coopération au développement bilatérale à l’aide humanitaire. Cependant, un tel déplacement enlèverait les moyens à la coopération bilatérale pour s’engager sur place pour de meilleures conditions et aider à prévenir les crises et la pauvreté. Le PDC a demandé le renvoi du message au Conseil fédéral, le priant d’utiliser la coopération au développement pour freiner la migration en Suisse. Mais la coopération au développement ne doit ni ne peut être utilisée comme monnaie d’échange dans les négociations de politique migratoire.
Grâce au lobbying intense d’Alliance Sud et à «l’Appel contre la faim et la pauvreté», largement soutenu, aussi bien le renvoi que des coupes budgétaires supplémentaires ont été refusés de justesse. Une demande de ne plus faire de coopération au développement que dans les pays qui collaborent étroitement avec la Suisse dans les questions migratoires a pu être rejetée.
Mais à la session d’automne, dans le débat sur le programme de stabilisation 2017-2019, l’UDC et une majorité du PLR ont exigé de nouveau des économies dans la coopération au développement. Leurs exigences auraient amené la part de la coopération internationale à plus d’un tiers de tout le paquet d’économies, mais ces deux demandes ont aussi été rejetées de justesse dans les deux Chambres. En décembre passé, lors du débat sur le budget fédéral 2017, l’UDC a raté de nouveau et pour la troisième fois ses exigences de coupes. Le parlement a confirmé une fois de plus le cadre financier de la coopération internationale et il s’est opposé à une coupe à blanc irréfléchie et myope.
Si le Conseil fédéral veut quand même couper dans la coopération au développement, c’est au parlement d’empêcher ce plan insensé. Alliance Sud va s’engager vigoureusement pour cela. Il est aussi dans l’intérêt de la Suisse de donner une contribution appropriée à un monde en paix, sûr et libéré de la faim.
Responsable du dossier politique de développement d’Alliance Sud, www.alliancesud.ch/fr