Les femmes ont besoin d’une AVS forte
Le 25 septembre prochain, nous voterons sur l’initiative syndicale AVSplus. Elle prévoit d’augmenter les rentes de vieillesse de l’AVS de 10%. Son entrée en vigueur en 2018 se traduirait par une hausse moyenne de 200 francs pour les personnes seules et de 350 francs pour les couples. Pour défendre cette initiative, une manifestation nationale aura lieu le 10 septembre prochain à Berne. Tout le monde est concerné, actuels et futurs retraité-e-s, l’enjeu est donc de taille. En effet, outre une amélioration nécessaire des rentes, AVSplus constitue un choix politique alternatif au projet Prévoyance vieillesse 2020, le «paquet Berset», actuellement discuté au parlement.
AVSplus répond à un impératif trop longtemps délaissé: garantir à chacune et à chacun le droit de vivre dignement pendant sa retraite avec des moyens suffisants. Or, avec une rente moyenne d’à peine 2000 francs par mois pour une personne seule, c’est une gageure! Loin d’être exceptionnelle, cette situation concerne 38% des femmes et 19% des hommes à la retraite. Même le Conseil fédéral reconnaît, dans son Message, qu’«au regard de la finalité constitutionnelle de l’AVS de couvrir les besoins vitaux, il faut admettre que les objectifs visés par les auteurs de l’initiative ont une certaine raison d’être, vu l’érosion continue de la part du dernier salaire couvert par la rente vieillesse versée aux nouveaux rentiers»1 value="1">Message du Conseil fédéral relatif à l’initiative populaire «AVSplus: pour une AVS forte», 19.11.2014..
Car ces quarante dernières années, les rentes AVS n’ont plus été augmentées mais seulement adaptées sur la base de l’indice mixte, moins favorable que l’évolution des salaires.
Prétendre, comme le fait M. Berset, que AVSplus affecterait l’économie n’est pas sérieux: pour la financer, il suffit d’augmenter les cotisations paritaires de 0,4%, soit de 20 francs par mois pour un salaire de 5000 francs. Ce n’est pas trop demander. C’est moins que la hausse des cotisations prévue pour le 2e pilier dans le «paquet Berset». Et depuis 1975, les cotisations à l’AVS n’ont pas augmenté. Preuve que l’AVS, contrairement à ce que ses détracteurs prétendent, résiste très bien au vieillissement de la population puisque, sur la même période, le nombre de rentes versées a doublé.
Ce succès, l’AVS le doit à un système de financement universel et solidaire: tout le monde cotise sur l’entier de son revenu, y compris les bonus. Tout le monde reçoit une rente, mais elle est plafonnée. Ainsi l’AVS profite davantage aux revenus modestes puisqu’il y a une redistribution du haut vers le bas. C’est cela qui ne plaît pas aux milieux patronaux et à l’establishment politique qui préfèrent cotiser pour leur propre compte. Ils s’offrent ainsi des plans de retraite cinq étoiles alors qu’ils veulent imposer à la majorité de la population de travailler plus longtemps pour des rentes réduites!
L’amélioration des rentes proposée par notre initiative profitera particulièrement aux femmes. Majoritaires dans les emplois à bas salaires et dans les emplois à temps partiels, les femmes sont le parent pauvre du 2e pilier, leur rente moyenne étant inférieure de moitié à celle des hommes. Les femmes ont donc tout intérêt à soutenir le renforcement de l’AVS qui reconnaît le travail éducatif et partage les revenus du couple pendant le mariage. Conséquence: les femmes et les hommes touchent en moyenne la même rente.
Enfin, AVSplus constitue une alternative au «paquet Berset» qui prévoit d’augmenter l’âge de la retraite des femmes à 65 ans, ce qui a ouvert l’appétit des milieux patronaux et de la droite qui mijotent déjà l’élévation de l’âge de la retraite à 67 ans. Ce paquet prévoit aussi la réduction du taux de conversion du 2e pilier de 6,8% à 6%, ce qui se traduirait par une baisse des rentes de 12%. Une baisse énorme que le Conseil fédéral veut compenser par une hausse massive des cotisations, nous obligeant à injecter encore davantage d’argent dans le business du 2e pilier sans aucune garantie quant à nos rentes futures. Pour les salarié-e-s, c’est sans aucun doute le mauvais plan. Mieux vaut miser sur AVSplus. Si notre initiative est acceptée le 25 septembre prochain, Prévoyance vieillesse 2020 aura du plomb dans l’aile. Un espace s’ouvrirait alors pour véritablement renforcer l’AVS, qui est une assurance solide, solidaire et égalitaire.
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Michela Bovolenta écrit pour l’Union syndicale vaudoise (USV), membre de la NAC.
Notes