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Le Conseil national met le fret ferroviaire sur une voie de garage

SUISSE • En refusant un encouragement aux entreprises pour le transfert de la route au rail et en imposant le fret ferroviaire à s’autofinancer, le Conseil national a transformé la Loi sur le transport de marchandises en invitation au transport par la route, estime l’USS.

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Le transfert du transport de marchandises de la route vers le rail est non seulement un impératif de la raison écologique, mais aussi un mandat constitutionnel en ce qui concerne le trafic à travers les Alpes. Or les choses se passent mal avec ce transfert. A travers la révision totale de la loi sur le transport de marchandises, le législateur voulait créer des conditions meilleures pour le fret ferroviaire, le rendre plus concurrentiel par rapport à la route et globalement plus efficace. C’est du moins ce que l’on pouvait lire dans le commentaire relatif au projet.

C’était on ne peut plus urgent, vu l’explosion des transports de marchandises. En effet, d’une part, on ne stocke plus guère de marchandise sur la durée et, de l’autre, le commerce en ligne connaît une énorme croissance, aucune inversion de cette tendance n’étant en vue. Et là, les transports routiers ont une longueur d’avance, car ils s’orientent sur des commandes à court terme et conviennent particulièrement bien aux petites quantités de marchandises. La branche recourt désormais aussi, concernant les transports à l’intérieur du pays, à toujours plus de petits camions qui font la totalité des transports, ce qui lui permet de contourner l’interdiction de circuler la nuit (express de nuit). Si le transport par rail ne doit pas être marginalisé ici, il faut donc prévoir de l’encourager de manière spécifique afin qu’il puisse compenser ses désavantages concurrentiels.

Or, même le projet du Conseil fédéral n’était guère en mesure d’encourager le fret ferroviaire. Finalement, le Conseil national a même complètement inversé le but de la loi, affaiblissant de ce fait massivement le fret ferroviaire: le transfert de la route au rail n’a eu aucune chance et le transport de marchandises par rail devra même à l’avenir couvrir ses coûts. La majorité de la Chambre du peuple ne veut pas voir qu’il s’agit là d’un service public. Bien au contraire, les CFF devront être libérés demain du fret ferroviaire et – ce fut le dernier coup porté – CFF Cargo va être détaché de l’entreprise.

La conseillère fédérale Doris Leuthard a certes assuré que, même sans mandat légal, les CFF devraient continuer à avoir pour tâche le transport de marchandises et le conseiller national libéral-radical Beat Walti a certes doctement expliqué à la minorité du National que l’externalisation de CFF Cargo allait augmenter son efficience, et qu’il ne s’agissait toutefois pas d’une privatisation. Comme le fret ferroviaire devra, selon la loi sur le transport de marchandises, être rentable demain, ces déclarations resteront sans effet aucun.

La Chambre du peuple a bien sûr aussi pris quelques, peu nombreuses, décisions positives. Comme par exemple le relèvement du crédit cadre pour les installations de transbordement et les plans d’utilisation du réseau pour les transports par rail. Mais ces points positifs ne compensent pas les reculs. La majorité du National est parvenue, avec le soutien énergique du département de Madame Leuthard, à faire d’une loi vantée comme promotion du fret ferroviaire, une invitation à passer au transport routier!
 

* Secrétaire centrale de l’Union syndicale suisse (USS).

Opinions Agora Dore Heim

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